Wednesday 4th June 2025

 

 

Tonight, I ask myself if I should hold the thread or let it go.

 

Because, you see, I have been facing a crowd of my limitations these past few days. And they have shown me that I am not ready to be loved.

It would be easy to blame it on the north wind that’s been blowing relentlessly lately. My mind is weary of this…the summer that was never promised and never came.

 

Because, you see, I really try to exist in this life, to wear the living mask and do what’s expected of me.

And every time, the answer that comes back is the same: not enough. Apparently. Big fail.

 

So really, you see, I cannot begin to understand how I can be deserving of the perfect love with you that the stars have promised.

If I can’t be enough for the regularly boring life that I have now…then how can I be enough for the marvellously dreamy one with you?

 

So really, you see, if the ones who cross my path every day say that I am a broken, defaulty-thing, then how can I be the flame in your life forever?

The flame was blown by the wintry wind today. It’s turned to ice.

 

You must see clearly that I have nothing to offer. As if I ever could. You are here to forge with fire, not ice cubes.

 

The world curls into a volute and I persist in my doubts.

 

I must see clearly that I was wishing for too much, reaching too high and looking for a love that I don’t deserve.

Not today. That I can see. 

Mercredi 4 juin 2025
Version inversée

 

 

Ce soir, je me demande si je dois encore tenir le fil entre nous ou le lâcher.

 

Parce que, tu vois, ces derniers jours, j’ai été confrontée à une foule de mes limites. Et elles m’ont montré que je ne suis pas prête à être aimée.

Ce serait facile de dire que c’est la faute du vent du nord, qui n’en finit plus de souffler. Mon esprit en est épuisé…l’été qui n’a jamais été promis et qui n’est jamais venu.

 

Parce que, tu vois, j’essaie vraiment d’exister à cette vie, de porter le masque de la vie et de remplir mes fonctions. Et à chaque fois, la réponse qui me revient est la même : insuffisant. Apparemment. Gros fail.

 

Alors vraiment, tu vois, je n’arrive pas à comprendre comment je pourrais être digne de l’amour parfait que les étoiles m’ont promis.

Si je ne suis déjà pas assez pour cette vie ordinairement ennuyeuse qu’est la mienne…comment pourrais-je l’être pour une vie merveilleuse dans les nuages avec toi ?

 

Alors vraiment, tu vois, si ceux qui me croisent chaque jour me disent cassée, bancale et en pièces… comment pourrais-je être la flamme dans ta vie ?

La flamme a été soufflée par le vent polaire aujourd’hui. Elle est glace.

 

Tu dois bien voir que je n’ai rien à t’offrir. Comme si j’avais pu.

Tu es là pour forger avec le feu, pas avec un glaçon.

Le monde s’enroule en volute, et moi, je persiste dans mes doutes. 

 

Je dois bien voir que j’en espérais trop. Que j’essayais d’atteindre des sommets trop hauts. Que je me rêvais d’une symphonie éblouissante d’amour éternel.

 

Pas aujourd’hui. Ça je le sais. 


Saturday 7th June 2025 

 

 

I can sometimes be a very organised anxious perfectionist. Just like you. 

A great believer in understanding the how and why of the rules. A great analyser and strategist of possible situations and outcomes. 

I like being prepared. 

Just in case. 

You never know. 

 

This contract our souls have. 

It comes with an exit clause: free will. 

 

And you. 

 

I want to be prepared. 

I am bracing for what might come. 

 

You might remember everything and choose me in the same moment. 

You might remember, take years to process it and finally choose me. 

You might remember, take years to understand and choose not to take a step. 

You might remember and choose to forget. 

You might not remember at all. 

 

What do I do? 

 

It could go a million ways. 

And I can’t plan for all of them. 

 

What if tomorrow I get hit on the head and forget everything? 

 

Does it all disappear? 

Samedi 7 juin 2025
Version inversée

 

Je peux parfois être une perfectionniste à l’organisation anxieuse. Tout comme toi.

Une obsessionnelle du pourquoi des règles. Et du comment des lois.

Une stratège émotionnelle. Une analyste du silence.

J’aime être prête.

On sait jamais.

 

Ce contrat entre nos âmes.

Il y a une clause de sortie : libre arbitre.

 

Et toi.

 

Je veux être prête.

Je reste aux aguets.

 

Tu pourrais te souvenir de tout et me choisir dans le même instant.

Tu pourrais te souvenir, prendre des années à y réfléchir et finalement me choisir.

Tu pourrais te souvenir, prendre des années à comprendre et choisir de ne rien faire.

Tu pourrais te souvenir et décider d’oublier.

Tu pourrais ne jamais te souvenir.

 

Alors, qu’est-ce que je fais, moi ?

Ça peut déborder dans un million de directions.

Et j’en perdrais le fils.

 

Et si, demain, je tombe sur la tête et j’oublie tout ?

 

Tout se dissoudra ?
 


  Sunday 8th June 2025 

 

 

There are days where I feel indomitable. 

The warrior standing at attention for love. 

 

And then come the days of what the fuck

The eternal, philosophical confusion. 

 

There are moments where the pain rips me open. 

Shards of glass creating rainbows on my bleeding wounds. 

 

The crying hours. 

Uncertainty and doubts blackstorming the heart. 

 

All of them without rewards…except the ones I can give myself. 

Dimanche 8 juin 2025
Version invers‏‏ée

 

 

Il y a des jours où je suis indomptable.

La guerrière au garde-à-vous de l’amour.

 

Et puis viennent les jours où c’est : what the fuck

La confusion philosophique éternelle.

 

Il y a des moments où la souffrance me déchire.

Des éclats de verre créent des arcs-en-ciel de douleur sur mes blessures à vif.

 

Les heures de larmes.

Incertitude et doutes oragent et se déchaînent sur le cœur.

 

Tous sans honneur…sauf celui que je peux m’accorder.


 Monday 9th June 2025 

 

 

I hate myself most when I picture us together in the flesh. The craving becomes infinite. 

 

Þetta er alls ekki gott. 

 

It shows me everything I don’t have. 

 

Your long and slender fingers are not gently holding my face. The ones on your right hand have small bumps from holding your pen so much. 

 

I can’t get intoxicated by the smell of your hair, especially the place right behind your ear. 

 

Your eyes are not resting lazily on every curve of my body. 

 

You never tremble in your mythical presence. 

Ideal. Pure. 

 

I don’t see the tiny flicker you do when a wild idea takes over your mind. The smile you try to hide. 

 

Breathing. Slowly. 

 

I don’t have your arms holding me like I might vanish in a fantasy. 

I don’t even feel the softened weight of your middle-aged belly pressed into mine. Urgently. 

 

I can’t forgive myself for this sensory experience that never was. 

 

 

Do you ever feel it? 

 

The self-hatred of love?


Lundi 9 juin 2025
Version inversée

 

 

Je me hais le plus quand je me laisse m’imaginer que nous sommes ensemble dans la chair.

L’envie en devient infinie.

 

Þetta er alls ekki gott.

 

Ça dévoile tout ce que je n’ai pas.

 

Tes doigts, si longs et fins, ne me caressent pas le visage. Ceux de ta main droite sont marqués, bosselés par tant d’heures d’écriture.

 

Je ne peux pas m’enivrer de l’odeur de tes cheveux, surtout à l’endroit juste derrière ton oreille.

 

Tes yeux ne se reposent pas paresseusement sur chaque arrondi de mon corps.

 

Tu ne trembles jamais dans ta présence mythique.

Idéal. Absolu.

 

Je ne vois pas la petite lueur qui vient quand une idée folle s’empare de toi. Le sourire que tu retiens.

 

Respire. Lentement.

 

Je n’ai pas tes bras autour de moi, me serrant comme si je pouvais disparaître dans le rêve.

 

Je ne sens même pas le poids doux de ton ventre entre deux âges, pressé contre le mien. Urgent.

 

Je ne peux pas m’absoudre de cette expérience des sens qui n’a jamais été.

 

Et toi, tu l’as ?

 

La haine de soi en amour ?


Mercredi 11 juin 2025

 

 

Qu’est-ce qui se passerait si tu me croisais dans la rue, à la boulangerie ou même au Père-Lachaise ? Ou si on décidait exactement le même jour d’être touristes dans notre ville et qu’on se croiserait en haut de la Tour Eiffel ?

 

Qu’est-ce que tu penserais ?

Dans deux de ces scénarios, j’aurais sûrement une cigarette à la main. Quelque chose me dit que tu ne supportes pas trop les fumeurs.

Donc ta pensée serait un son suédois. Oj !
Ou quelque chose comme ça.

Peut-être t’exclames-tu en allemand dans ta tête ?

Mais vois-tu, personne n’est parfait.

 

À la boulangerie (mmm…nids d’abeilles) ou à la Tour Eiffel…

Qu’est-ce que tu dirais ?

T’arrêteras-tu ? Raide ?

Mais qu’est-ce que… ? Un frémissement ? Des délices ?

Ou tu demanderas-tu quel était ce parfum ?

Réponse : Laura par Laura Biagiotti.

 

Ou reconnaîtras-tu mes yeux ? Sombres comme les tiens.

 

Ça sera électrisant ? Jouissif ? Calme ? Une vague d’amour ? Indifférence complète ?

Non. Il n’y a pas d’indifférence entre deux flammes comme nous.

 

Tu crois que tu me souriras ? Ou tu écarquilleras les yeux de surprise attendue ?

Est-ce que ton corps s’avancera involontairement vers le mien ? Sans y penser, ta main sur mes hanches ?

 

Est-ce que ? Est-ce que ? Est-ce que ?

 

Moi, je devrais puiser en mes pouvoirs et forces de femme pour ne pas mourir dans ce moment.

Parce que je ne sais pas ce que je ferais pendant ce minuscule instant où la découverte sera.

 

L’énormité de ces émotions dépasse la lune et toutes les étoiles.

Le paradis et l’enfer ? Des petits glaçons qui fondent au soleil.

 

Toi qui me vois. Moi qui te vois.

Un pourvoi en karma. 
 


 



Wednesday 11th June 2025
Reversed version

 

 

What would happen if we crossed paths on the street, at the bakery or even at Père-Lachaise?

Or if we decided on the exact same day to be tourists in our city and ran into each other at the top of the Eiffel Tower?

 

What would you think?

 

In two of these scenarios, I would be holding a cigarette.

Something tells me that you do not quite like smokers.

So your reaction might be a Swedish Oj!
Or something like that. 

Maybe the blurts in your thoughts are in German?

But then, nobody is perfect.

 

At the bakery (mmm…honeycomb pastry) or the Eiffel Tower…

What would you say?

Would you stand still? Stiff?

Or would you ask yourself what this perfume could be?

Answer: Laura by Laura Biagiotti.

 

Or would you recognise my eyes again? As dark as yours.

Would it be electrifying? Satisfying? Peaceful? A wave of love? Complete indifference?

No. There’s no indifference between two flames like us.

 

Would you smile? Or would you open your eyes wide in anticipated surprise?

 

Would your body unwittingly come closer to mine? Without thinking, your hand on my hip?

 

What if? What if? What if?

 

Me, I will have to reach deep into my powers and strength as a woman not to die in this instant.

Because I don’t know what I will do in that minute moment where the recognition happens.

 

The enormity of these feelings transcends the moon and all the stars.

Heaven and hell? Tiny ice cubes melting in the sun.

 

Toi qui me vois. Moi qui te vois.

Un pourvoi en karma. *


*
You who see me. Me who sees you. An appeal to karma.
 


Soundtrack : La Belle et la Bête,
Indochine, 2024

 

 

On a tous des playlists de la vie. Des musiques qui accompagnent nos moments dramatiques. Théâtrales. Cinématiques. Ridicules.

 

Je ne sais pas si mes goûts se sont raffinés ou si c’est simplement que j’ai arrêté de chercher La Musique comme on cherche un dieu. Mais il faut avouer que l’univers musical d’aujourd’hui ne me remue pas beaucoup.

 

Il y a quelques mois, travailleuse assidue que je suis à mon petit bureau, j’ai lancé une playlist française Back to the 80s. Juste pour voir.

Alors oui, les années 80. L’enfance et début d’adolescence. Irais-je jusqu’à dire le début de l’innocence ?

Non, pas vraiment. On était en plein Post Punk et New Wave.

Temps irrévérencieux, n’est-ce pas ?

 

Et là, bien sûr, cette playlist contenait L’Aventurier d’Indochine.

Indochine ! Comment avais-je pu les oublier ?

S’il y avait un groupe super cool, c’était bien eux.

J’entends encore ma mère dire à quel point ils étaient ridicules.

Non.

Cools, étaient les mecs d’Indochine pour moi, élève sage de l’école du Colonel Fabien à Montreuil.

Mon cœur venait juste de frôler son premier amour.

 

Indochine. Aujourd’hui.

Oubliés, oui, mais pas éclipsés.

Mon amoureux de la recherche en ligne (I love you, Google) m’a révélé qu’ils étaient toujours (presque) là.

Quarante ans de musique à rattraper.

J’ai commencé par leur album le plus récent, Babel Babel.

 

Et là.

 

Là.

 

Si un album pouvait évoquer le passé, le présent et le futur…

 

Prends en compte que tout cela se déroulait en pleine résurgence de toi, ainsi que le retour de mon français féroce.

 

Donc, bien sûr, mon esprit a fait ce que tous les esprits font depuis la création de la musique : j’ai enveloppé La Belle et la Bête dans l’évocation de toi.

Tu es moi. Je suis toi. Indochine, notre génération, culture et vécu.

 

 

Alors pourquoi La Belle et la Bête ?

 

La voix d’Henry Kissinger.

Fantôme diplomatique. Sur fond de synthé bancal.

Flashback à la télé science-fiction de 1985.

Star Trek et Twilight Zone.

Kissinger, la voix pourrie et corrompue.

Le diable costumé en ange et la Guerre Froide.

Nous au milieu.

 

Les premiers vers donnent le ton : biblique et fatalistes, questionnant l’autorité, là-haut et partout.

 

Puis soudain, le reggae. Qui arrive de nulle part.

Parce que, oui, c’est nous et on s’en fout.

Puis le dramatique revient, comme une ballerine égarée sur un champ de guerre synthétique.

Et l’émotion électronique qui s’apprête à marcher la révolution.

 

Peux-tu imaginer ça ?

La complexité de nos réalités condensées dans ce registre multiple et flamboyant ?

La beauté bordélique de nos émotions et ses logiques ?

 

Nos antithèses.

Ton silence et ma féralité.

Ta retenue et mes éclats.

Ton calme conforme et ma révolte poétique.

 

Reggae, cantique militaire et le tragique électronique qui composent ensemble un cri de guerre et une défiance en costume d’adultes qui te disent merde en souriant.

 

La voix de Nicola Sirkis revient. Il répète certains vers comme pour, justement, rassembler le courage.

 

Cette chanson, cette musique, c’est nous.

L’histoire illustrée de nos quarante dernières années.

Les anges et les montres qui nous ont suivis.

Notre mythe post punk.

Notre beauté après la guerre existentielle.

 

 

PS : je sais que je n’ai qu’effleuré la surface ici, avec ça, mais il fallait que je te l’écrive, même imparfaitement.


Soundtrack : La Belle et la Bête,
Indochine, 2024
Reversed version

 

We all have playlists for our lives. Music as the backdrop to our dramatic moments. Theatrical. Cinematic. Absurd.

 

I don’t really know if my tastes have evolved or if I’ve simply stopped looking for The Music the way some people look for a god. Frankly, the musical world of today isn’t shaking me anymore.

 

A few months ago, being the hard worker that I am at my desk, I decided to listen to a Back to the 80s French playlist. Just for fun.

 

Ah yes, the eighties. Childhood and adolescence. Would I say the beginning of innocence? Hardly. We were right in the Post Punk and new Wave era.

Irreverent times, weren’t they?

 

So of course, indochine’s L'Aventurier was on that playlist.

Indochine! How could I have forgotten about them?

If there ever was an edgy band, these guys were it.

I can still hear my mother saying how ridiculous they were.

Not.

Indochine was edginess for me, back at the Colonel Fabien elementary school in Montreuil.

My heart had just brushed against its first love.

 

Indochine. Today.

Forgotten yes but never overshadowed.

My internet love (je t’aime Google) let me know that they were still (mostly) here.

Forty years of music to catch up on.

I started with their newest album, Babel Babel.

 

And then…

 

Then.

 

If one album could evoke the past, present and future…

Keep in mind that this was all happening during the resurgence of you and the return of my feral French.

 

So of course, my mind did what all minds have been doing since the creation of music: I lovingly wrapped La Belle et la Bête around your image.

You are me. I am you. Indochine, our generation, culture and reality.

 

 

 

 

So why La Belle et la Bête ?

 

Henry Kissinger’s voice.

Diplomatic ghost. Over spasmodic synths.

Flashback to 1985 sci-fi television.

Star trek and Twilight Zone.

Kissinger, the corrupt and rotten peace.

The devil in angel’s suit and the Cold War.

Us in the middle.

 

The first verses set the stage: biblical and fatalistic, questioning authority, up there and everywhere.

 

And then, suddenly, reggae music.

Coming from nowhere.

Because, yes, it’s us and we don’t give a damn.

 

Then the dramatic returns, like a lost ballerina on a synthetic battlefield. As electronic emotions gear themselves up for a revolution.

 

Can you imagine all that?

 

The intricacies of our realities condensed in this multitudinous and blazing register? The chaotic beauty of our feelings and its reason?

 

Our antitheses.

Your silence and my ferality.

Your restraint and my outbursts.

Your consistent calm and my poetic rebellion.

 

Reggae, military hymn and dramatic electronic composing together a battle cry and a defiance in a grown-up suit saying fuck you with a smile.

 

Nicola Sirkis’ voice comes back.

He repeats some verses as if, to exactly, gather strength.

 

This song, this music, it’s us.

The illustrated story of our last forty years.

The angels and the monsters that followed us.

Our post-punk myth.

Our beauty after the existential war.

 

 

PS: I know I’ve only lightly touched the surface of this, here, but I had to write it to you, even if imperfectly.



 


Friday 13th June 2025

 

 

This isn’t a delightful death by love.

A so-called nirvana we have been taught to chase.

Two souls karmically connected the way we are is…immensely…hard.

 

The burden is mostly mine for now.

I feel what you feel and you feel softly what I feel.

Most of the time, I don’t even know what’s truly mine.

 

This is the execution of me. You have changed me completely without even having said my name.

 

This merging and melting of our souls is revealing someone I don’t know. Or was she always lurking? I ushered her in, nonetheless.

My primal instinct is to claw back, survive and take a big breath before I drown in the storm. If I let myself completely into your soul, what will become of me?

 

What about you?

 

It’s happening to you too. You don’t really understand it but the heavy, hot, suffocating hurricane is growing.

Right now, you blame it on forgotten keys…but then, what?

 

Unlike me, because repression has always been your survival tactic, you’ll bury it. So deep. So hard.

And like me, your body will start falling apart. Because the feelings and memories must go somewhere. They are not leaving; they just morph into blisters that won't heal.

 

So, I don’t know about this rebirthing through soul fusion. It’s all messy, bloody, dirty and muddy.

There is no luminescent glow of perfect, undying love.

Only the self-hatred of the disappearance of my being.

 

The outcome is not even promised. At all.

 

It could just be death and repeat. Just one more life. 


Vendredi 13 juin 2025
Version inversée

 

 

Ceci n’est pas une mort magnifique par l’amour.

Un soi-disant nirvana qu’on nous a appris à désirer.

Deux âmes aussi liées que les nôtres dans le karmique c’est…infiniment…dur.

 

Le fardeau est surtout le mien, pour l’instant.

Je ressens ce que tu ressens et tu ressens doucement ce que je ressens. La plupart du temps, je ne sais même plus ce qui est à moi.

 

Ceci est une exécution de moi. Tu as tout bouleversé en moi sans avoir même murmuré mon nom.

 

Ce mélange, cette fusion de nos âmes ont révélé une personne que je ne connais pas. Ou était-elle toujours là à attendre ? Je l’ai accueillie, malgré tout.

 

Mon instinct primitif est de sortir les griffes, survivre et prendre une grande bouffée avant de me noyer dans la tempête. Si je me laisse tomber complètement dans ton âme…que deviendra-t-il de moi ?

 

Et toi, alors ?

 

Toi aussi tu le sens. Tu ne le comprends pas encore, mais l’ouragan lourd, torride et étouffant s’amplifie.

Pour l’instant, tu rejettes la faute sur des clés perdues. Mais après ?

 

Contrairement à moi, parce que la répression a toujours été ta tactique de survie, tu vas l’enfouir. Profondément. Brutalement. 

Et comme moi, ton corps commencera à tomber en morceaux. Parce que les émotions et les souvenirs doivent bien aller quelque part. Ils ne disparaissent pas.

Ils se transforment en lésions inguérissables.

 

Alors je ne sais pas, cette renaissance d’âmes entrelacées…c’est sale et c'est du bordel. Sanglant et boueux.

Il n’y a pas de scintillement lumineux d’un amour grandiose et éternel.

 

Just la haine de moi que j’éprouve à la disparition de mon être.

 

Le résultat n’est même pas garanti. Du tout.

 

Ça pourrait juste être mort et répétition.

 

Just une vie de plus.


Saturday 14th June 2025

 

 

What if you’ve already remembered me?

If all the memories had already surfaced in your mind?

 

I don’t really have a way of knowing for sure, beside the few ripples of karmic echoes and the perfectly aligned charts on any given day.

 

What if you actually let me in back in February?

You felt my mind reeling from the recognition and you understood.

 

You sensed I was the mirror to all your wounds.

You knew in your bones that I was the one here to push you into your truth, force you to face your demons and destroy the architecture of protection you had built in this lifetime. Set it all on fire.

 

So, you let me in.

You watched me as I was testing the waters of your mind.

You scrutinized me, admiring your powerful restraint.

You observed me touch, softly, your stubborn will.

 

And you realised.

You knew I could unravel it all. So, you kept me inside.

 

You stayed silent so I would keep wondering. Stay occupied in my suffering and bleeding.

 

You kept the temperature just warm enough that I would stay willingly.

Slowly, inevitably, you increased the heat.

You need to boil me like a frog.

You need me to die in you.

 

Dead, I can no longer reflect you.

Dead on the outside, I might still return.

But dead inside you, you’re safe. Forever.

 

You call it survival.

As if that justifies everything.

 

Because we are linked reflections. The twin antitheses.

You become the soul who ate his twin.

 

So, I let myself die in you. On you. And with you.

The ecstasy of finally being inside you is out of my control.

Surrender.

In pain. In bliss.

 

You engulfed me in your darkest desires and worst fears.

You possess me but you will never be mine.

Keeping me inside keeps you sheltered. In control of never being vulnerable again.

 

You are not loving me; you are watching me loving you.

You didn’t give anything of yourself. You just kept everything of me.

 

I feel your heart pounding inside me.

You’ve entered without asking, I did not oppose.

 

You just are and I fade away.

 

I ache for movement but you press down instead.

You fill me with silence. And I open.

 

Dying in you feels more like me than being someone outside.

You devoured me whole.

 

Your eyes caressed every bleeding wound on my soul just enough for me to feel it.

Exposed.

Your hand was on the back of my neck, pressing it in hard softness.

Your other hand on my mouth to keep me from revealing. I don’t even know if I want to bite it.

 

Your body pressed tall, like a threat, against mine but never bent down to me.

Your breath, trembling on my cheek, not quite touching my lips.

Your eyes looked over my head. I was here without being.

 

I let myself be your hostage.

You have built a tomb of pharaonic proportions for me. Nobody will be able to excavate me. Not even you.

 

You let me vanish in you.

Not to love me but to never lose control.

 

You knew.
 


Vendredi 14 juin 2025
Version inversée

 

 

Et si tu te souvenais déjà de moi ?

Si toutes les souvenances étaient déjà remontées à la surface de ton âme ?

 

Il n’y a aucune façon pour moi d’en être sûre, à part pour des vagues d’échos karmiques et des thèmes parfaitement alignés chaque jour.

 

Et si tu m’avais, en fait, laissé venir en toi en février ? 

Tu as senti mon esprit, renversé par les souvenirs, et tu as compris.

 

Tu as eu l’impression nette que j’étais le miroir de tes blessures.

Tu savais dans ta chair que j’étais celle qui allait te pousser dans ta vérité, t’obliger à faire face à tes diables et détruire l’architecture de préservation que tu avais érigée dans cette vie.

 

Alors tu m’as laissé venir.

Tu m’as regardé tâter le terrain de tes pensées.

Tu m’as examiné minutieusement, admirant ta puissante maîtrise.

Tu m’as observé effleurer ta volonté obstinée.

 

Et tu as compris.

Tu savais que je pourrais tout découvrir.

Alors tu m’as gardé en toi.

 

Tu es resté silencieux pour que je continue à me demander. À rester occupée à ma souffrance. À saigner sans fin.

 

Tu as gardé la température juste assez chaude pour que je reste. De plein gré.

Lentement, inévitablement, tu as augmenté la chaleur.

Tu avais besoin de me bouillir comme une grenouille.

Tu avais besoin de ma mort en toi.

 

Morte. Je ne peux plus te réfléchir.

Morte en dehors, je pourrais revenir.

Morte en toi, tu es à l’abri. Pour toujours.

 

Tu appelles ça de la survivance.

Comme si ça justifiait tout.

 

Parce que nous sommes des réflexions attachées. Des jumeaux en antithèse.

Tu es l’âme qui a dévoré son jumeau.

 

 

 

Alors je me suis laissée périr en toi. Sur toi. Avec toi.

L’extase d’être enfin en toi est maintenant hors de ma volonté.

Abandon.

Dans le mal. Dans la joie.

 

Tu m’as étouffée dans tes plus sombres désirs et tes pleines les plus violentes.

Me garder en toi te protège. Te garde en maîtrise de n’être jamais vulnérable encore.

 

Tu ne m’aimes pas, tu m’observes t’aimer.

Tu ne m’as rien donné. Tu as tout gardé de moi.

 

Je sens ton cœur qui bat en moi.

Tu es entré sans demander. Je ne t’ai pas repoussé.

 

Tu es et je m’efface.

J’ai mal de te sentir remuer mais tu appuies plutôt.

Ton silence me pénètre. Je m’ouvre à toi.

 

M’éteindre en toi est beaucoup plus moi que d’être quelqu’un hors de toi.

Tu m’as dévorée entière.

 

Tes yeux ont caressé chaque plaie de mon âme juste assez pour me faire frémir.

À nue.

Ta main sur ma nuque, qui me pousse d’une délicatesse ferme.

Ton autre main sur mes lèvres pour m’empêcher de révéler. Je ne sais même pas si je veux te mordre.

 

Ton corps, grand et pressant, comme une menace, contre le mien. Qui ne se baisse pas vers moi.

Ton souffle tremblant sur ma joue, ne touche pas vraiment ma bouche.

Tes yeux, juste au-dessus de ma tête. J’étais sans être.

 

Je me suis laissée être ton otage.

Tu as construit une tombe à proportions pharaoniques pour moi. Personne ne pourra creuser pour me trouver. Même pas toi.

 

Tu m’as laissée disparaître en toi.

Non pour m’aimer mais pour garder ton contrôle absolu.

 

Tu le savais.
 


Dimanche 15 juin 2025

 

 

Reykjanesbær. 01:47 

Soleil de minuit éblouissant. Je suis éveillée. L’air est frais. Je célèbre l’hybride du jour et de la nuit.

 

Paris. 03:47

Nuit noire et lourde. L’air est chaud et humide. Presque étouffant.

Tu te réveilles, ton cœur battant si intensément que tu te demandes si la crise cardiaque de ton âge est arrivée.

Mais non.

Seulement une crise du cœur.

 

Tu sens la sueur qui dégouline le long de ton dos et entre tes jambes. Poisseuse, brûlante, indécente.

Ton réveil ? Un cri sauvage que tu as fait.

D’un nom que tu ne connais pas.

 

Tu te sens coupable. As-tu réveillé les enfants dans la chambre à côté ?

Un silence épais.

 

Non. 

D’accord.

 

Alors quoi ?

Ta main tremblante sur le cœur, tu te demandes.

 

Laura.

Qui c’est ?

 

Il n’y avait pas de Laura dans le film américain d’hier soir sur Netflix.

Mais putain.

 

Laura ?

Non. 

 

J’ai une image de feu dans la tête. Brûlante. Etourdissante.

Une sensation de parfum délicat, subtilement floral et sensuel. Une nudité dévoilée.

Je sens l’écho d’une vague retentir sur mon corps. Brûlante. Dorée.

Des frissons d’amour.

 

Mais à quoi je rêvais ?

Quelqu’un que je connaissais ?

 

Mais quand ça ?

Je n’oublie personne !

 

Laura. L’aura ?

Un fantôme m’a visité ? Une histoire d’enfants, alors.

 

Non. Pas ça.

 

Je me lève. Seul, éveillé, dans l’appartement silencieux.

Transpirant et incomprennant, je vais à la cuisine.

Un verre d’eau. Pour étancher ma soif.

Un autre.

J’ai chaud. Je brûle.

 

Laura. Elle l’aura ?

Pour le moment, elle m’a.

 

Je ne sais pas qui elle peut être. Mais son essence est imprimée sur mon corps. Âme et aine.

 

Un amour oublié ?

Mais quand ça ?

 

Je n’oublie personne !


Sunday 15th June 2025
Reversed version

 

 

Reykjanesbær. 01:47

Dazzling midnight sun. the air is cool. I’m awake. I bow to the hybrid of night and day.

 

Paris. 03:47

Black, heavy night. The air is hot and thick. Almost suffocating.

You wake up. Your heart is pounding so hard you panic. Is the heart attack of your age finally upon you?

 

No. Just a crisis of the heart.

 

You feel the sweat running down your back and between your legs. Clammy. Hot. Indecent.

 

What woke you? Your own voice. Screaming a name you didn’t know.

You feel guilty. Did you wake the kids in the next room?

Heavy silence.

 

No.

Alright.

 

So what?

Your trembling hand against your chest. Crashing thinking.

 

Laura?

Who’s that?

 

No Laura in that American film you watched on Netflix last night.

 

No…Laura?

 

There is a picture in my mind. Fire. Burning. Glaring.

The feeling of a scent. Delicate, subtly floral and sensual. Unveiled nudity.

I sense a wave echoing through my body. Hot. Golden. Pulses of pure love.

 

What even was I dreaming?

Someone I knew?

 

But when?

I never forget.

 

Laura. An aura?

A ghost visiting maybe? A child’s tale, then.

 

I get up. Alone, awake in the silent apartment.

Damp and dazed, I head into the kitchen.

A glass of water. To quench my thirst.

Another.

It’s hot. I’m burning.

 

Laura. Has she?

She has me now.

 

I don’t know who she is. But her texture is etched on my body. Soul and groin.

 

A forgotten love?

But when?

 

I never forget!


Lundi 16 juin 2025

 

 

Orage et tonnerre la nuit dernière.

Je n’ai pas vraiment dormi.

Trop chaud. Trop soif.

 

Mais la vie continue, n’est-ce pas ?

 

Les enfants ? 

À l’école. Bientôt les vacances d’été. Il va falloir les garder occupés. Peut-être les grands parents à la campagne ?

Oh ! mes vacances. En août.

 

Merde ! j’ai oublié de manger avant de partir. Les enfants étaient encore en retard ! je m’arrêterai à la boulangerie. À Saint-Germain.

 

J’aime les rues de Paris après l’orage. Elles sont comme lavées. Brillantes. Aussi neuves que possible. Tout à l’air différent. Un nouveau début de matin propre.

 

Putain de merde ! Mes clés !

Bon.

Je travaille tard ce soir. J’en n’ai pas besoin. Il y aura quelqu’un à la maison.

Moi et les clés !

 

Au moins j’ai mon portable. Non ? Oui.

 

Ok. Marche. Respire l’air frais. On sent encore l’humidité de la nuit.

 

Ah là. La boulangerie. Nous y voilà.

 

Il y a du monde ! Ok, ouais. Je suis en retard de toute façon.

À la file. À attendre.

 

Il y a une femme devant moi. Elle est vraiment petite. Ou peut-être que c’est moi qui suis vraiment grand. Oui, je le suis. Elle ne prend pas beaucoup de place mais c’est comme s’il y avait une forteresse invisible autour d’elle. Une aura de protection ? Contre quoi? Pour quoi?

 

Ah, on y arrive.

Quoi ? Des nids d’abeilles ? Le matin ? Qui fait ça ?!

C’est vrai que c’est délicieux. Divinement. Légers comme des petits nuages d’amandes.

La boulangère lui emballe ça dans une belle boîte bleu clair. Avec des rubans de velours blancs. C’est peut-être pour ce soir ? Dessert ? On l’a invitée pour un repas et elle se prépare. Mais pourquoi ne pas les acheter en chemin ce soir ?

 

Ah, elle a payé.

Se retourne. Ses yeux me croisent. Une éternité de secondes.  Puis elle me sourit. Complètement. Comprenant.

 

Qui sourit à Paris ? Aux étrangers de passage ?

 

Et là, ça me tombe.

Son parfum.

Sur le bout de ma langue.

 

C’est mon tour.

La vie continuera, n’est-ce pas ?
 


Monday 16th June 2025
Reversed version

 

 

Thunderstorm last night.

I didn’t get much sleep.

Too hot. Too thirsty.

 

But life goes on, doesn’t it?

 

The kids?

In school. Soon, their summer break. Will need to keep them busy. Maybe their grandparents in the country?

Yes! Vacations. In august.

 

Shit! I forgot breakfast. The kids were late again.

I’ll stop by the bakery on the way. Saint-Germain.

 

I like the streets of Paris after a storm. They look like they’ve just been washed. Gleaming. As new as they can be. A clean morning.

 

For fuck’s sake! I forgot my keys!

 

Oh well.

I’m working late tonight. Don’t need them. Someone will be home.

Keys! I'm so...!

 

At least I have my phone. No? Yes.

 

Alright. Just walk. Breathe in the fresh air. With the hint of humidity of last night.

 

Ah yes. La boulangerie. Here we go.

 

So many people! Well, I’m already late for work so…

Get in line. Get in waiting.

 

There is a woman in front of me. She is really small. Or maybe I’m just really tall? Yeah, I am.

She doesn’t take much space. It’s like an invisible fortress surrounds her. Some kind of protective aura? Against what? Why?

 

Okay. Here we go.

 

What? Bee sting cakes? In the morning? Who does that?

I mean, yes, they are delicious. Divinely so. Like fluffy almond clouds.

 

The baker wraps them in a pretty box. Light blue. With white velvet ribbons. Maybe they’re for tonight? Dessert? She was invited and she’s early preparing? But why not buy them on the way tonight?

 

Right. She’s paid. She’s done.

And turns around. Our eyes cross. 

An eternity of seconds.

Then she smiles. At me. Completely. Understandingly.

 

Who smiles in Paris? To passing strangers?

 

And then it strikes me.

Her perfume.

On the tip of my tongue.

 

My turn.

Life will go on, won’t it?


 

Monday 16th June 2025

 

 

My love.

It was you, wasn’t it?

 

I was only in Paris for a week. I wanted this time for myself. 
I wished to be a stranger in the city that birthed me with such difficulties.

Away from the emotional pressure of others. 
A coughing breath in the pollution of freedom. My time in beauty and decay.

 

A perfectly made bee sting cake is the most satisfying delicacy I can think of. 
Crème pâtissière, honey, vanilla and almonds in a beautifully puffy cloud of heaven. 
Not just anyone can make them to perfection. 
Not like that baker in Saint-Germain.

 

I felt you the moment you walked in. 
My back was turned but the air changed. Silenced. Blurred.

I only heard your steps on the vinyl floor. Tiny squeaks from your wet shoes. 
Did you step on a puddle abandoned by the storm last night?

I heard your hesitation. 
Should you commit to staying and waiting or just move on?

 

I stopped seeing the world around me. You stood right behind me. I could feel you towering over me. Will your arms come down, to wrap me tightly from behind?

I don’t know. I don’t know what to do. I know it’s you. I know.



Le soupir agacé de la boulangère. C’est mon tour.

 

- Trois nids d’abeille, s’il vous plaît, madame.

 

- Je vous les emballe ?

 

Oui, merci.

 

Tes yeux sur mon dos. Je sens ton souffle qui s’arrête pour se reprendre en panique. 
Tu suis le mouvement de mes mains. À payer. À s’étendre pour prendre la boîte bleue. Bleu ciel à rubans blancs. Des petits nuages dans un nuage de carton.

 

Je remercie la boulangère encore (on est trop polis à Paris). 
Je veux de toutes mes forces que le temps s’écoule à l’infini.

Je me retourne.

 

C’est toi.

 

You. 

Amour.

 

Et je ne pense à rien. Et je ne dis rien.

C’est toi.

 

Ton âme qui me voit à travers tout. Ta peine qui n’attendait que moi pour être rapiécée. Ton amour qui ne voulait que moi pour s’enflammer.

 

Une éternité de secondes avec toi.

 

Puis. Je suis partie.

Parce que je n’avais pas de mots cet instant-là.

Je n’avais pas de mots pour toi. Ou moi. 

Lundi 16 Juin 2025

 

 

 

J’ai décidé de prendre le long chemin après le travail. Le chemin de promenade. Le chemin des flâneurs qui veulent regarder les autres paresseux. Le chemin des parfums et des fleurs. Donc le chemin de ceux qui n’ont rien à faire et celui de ceux qui veulent oublier qu’ils ont trop à faire.

 

Huit heures du soir. Longue journée.

La maison. Le cocon.

 

Je trébuche à l’entrée. Une montagne de chaussures à talons hauts, rouges, argentés, violets et les baskets des enfants.

Combien de fois dois-je… !?

 

Eclats de rire qui viennent du salon.

Ah oui ! La soirée des copines. Girls’Night. J’avais oublié.

Alors pas le cocon ce soir. Longue soirée.

 

Je passe la tête par la porte. "J’suis rentré."

 

Le parfum.

 

C’est le parfum de ce matin. À la boulangerie. Ce sourire. Ces yeux.

 

Ah t’es là, parfait ! on t’attendait. On va sortir prendre un verre toutes ensembles.

Plus de rires.

 

Je m’avance dans le salon. Oui. C’est bien le même parfum. Mais non. Elle n’est pas là.
 

Tornade de femmes dans le salon. Qui se lèvent. Arrangent leur rouge à lèvres. Qui mettent leurs manteaux. Ramassent leurs sacs à main. 

 

« Les enfants se préparent à aller se coucher ! Nous on y va ! ciao ! Je t’aime mon amour ! Bisous ! » 

 

Elles passent en file devant moi, l’une après l’autre. La tornade maintenant sage qui sort de la pièce. Mais je ne peux pas deviner d’où vient le parfum. 

 

Des rires, des éclats et des petites chansons. Talons claquants dans l’entrée. Puis la porte. Parties. Le silence du vide. 

 

Peut-être que je l’ai rêvé ce parfum ? Il faut dire que je n’y ai pas pensé depuis ce matin. Longue journée.

 

Je jette un œil sur les enfants. Déjà au lit. La lumière blanche des écrans illumine leurs visages. « Vingt minutes et on éteint. C’est l’école demain ». Bisous, câlins. 

 

Je retourne dans le salon pour faire disparaître les verres vides, marqués de rouge à lèvres. Chaque nuance de rouge comme une marque de possession. Des cadavres de bouteilles et des boîtes bleu clair, égorgées et vides. Des rubans de velours blanc abandonnés sur le sol.

Tout à la cuisine. Lave-vaisselle en marche. Vider la poubelle. Je me fais une tartine de Nutella. Pas vraiment faim ce soir.

 

Retour aux enfants. Lumière éteinte. Comme des anges. Je vous aime. Bonne nuit, mes petits.

 

Il est neuf heures. Salle de bain. Je me déshabille enfin. Cravate, chemise, pantalon.

Chaussettes et caleçon me collent à la peau. Trop transpiré dans la chaleur.

 

Et juste quand je règle la température de la douche…

Le parfum revient.

 

J’en suis tellement surpris que j’ouvre les rideaux pour voir si elle ne se tient pas au milieu de la pièce.

Non.

Je suis seul.

 

L’eau chaude, presque brûlante, me tape violemment sur la nuque et les épaules. Je la laisse me faire mal jusqu’à ce que je ne sente plus que la chaleur, comme une caresse délicieuse.

 

Et puis, je me positionne pour qu’elle continue sur mes reins.

La vapeur est telle que je ne vois pas plus loin que le bas de mon ventre.

 

Je savonne et je frotte comme si j’étais étranger à moi-même.

 

Chaleur, vapeur, odeur. Enivrant.

 

Je tourne et retourne sous l’eau.

 

Danse fébrile solitaire.

 

 


Je sors de la douche. Seul.

Le parfum toujours sur ma peau.
 

Monday 16th June 2025
Reversed version

 

 

I decided to take the long way back home after work.

The strolling path. The path for the strollers who want to watch the ones too lazy to pretend. The path of scents and flowers. So really, the path for those who have nothing to do and for those who want to forget that they have too much to do.

 

Eight o’clock. Evening. Long day.

Home. Cozy.

 

I trip in the entrance. There’s a mountain of high heels, red, silver, purple and the kids’ sneakers.

How many times do I have to…!?

 

Bursts of laughter coming from the living room. Right. Evening with the girlfriends. Girls’ Night.

Not cosy tonight then.

 

I pop my head in. "I’m home".

 

The perfume from this morning! At the bakery. That smile. Those eyes.

 

"Great! You’re back! We were waiting for you. We’re going out for drinks in a bit".

 

I step into the living room. Yes. This is the perfume. No. she is not here.

 

A tornado takes over the room. Women standing up. Fixing their make up. Picking up their jackets. Bags. Laughing. Giggling. 

 

“The kids are getting ready for bed. We’re leaving now. Ciao! Love you darling!” 

 

They all pass by me. One by one. The tornado quiet for a moment, to exit the room. But I can’t guess who is wearing the perfume. 

Laughter. Noise. Singing. Heels banging. Then the front door. Gone. The empty silence. 

 

Maybe I just dreamt that perfume? Honestly, I haven’t thought about it since this morning. Long day.

 

I check on the kids. Already in bed. Glowing screens on their faces. "Twenty minutes then lights out. School tomorrow". Hugs and kisses.

 

I go back in the living room to spirit away the empty glasses with their lipstick stains. Each shade a mark of ownership.  I rescue the empty bottles and the blue boxes. Light blue. White velvet ribbons strewn on the floor.

 

Everything to the kitchen. Dishwasher loaded. Bin emptied. I make myself a toast with Nutella. Not very hungry tonight.

 

Back to check on the kids. Lights out. Little angels. I love you. Hugs and kisses. Good night, my little ones.

 

It’s nine o’clock. Bathroom.

I can finally undress. Tie, shirt, trousers. Socks and underwear feel all sticky on my skin. Too much sweating in the heat today.

 

As I adjust the temperature in the shower…

The perfume is back.

 

I’m so surprised I open the curtains, expecting to see her standing here.

No. I’m alone. 

 

The hot water, almost burning, beats violently on the back of my neck and shoulders. I let it hurt until all I feel is the warmth, just like a delicious caress.

 

And then, I move myself, so it can continue on my lower back.

There is so much steam I can’t see past my stomach.

 

I soap and I rub myself as if I’m a stranger to myself.

 

Heat, steam, scent. Heady.

 

I twist and turn under the water.

 

A solitary feverish dance.

 

 


I get out of the shower.

The perfume still lingering on my skin.

Mardi 17 juin 2025

 

 

Le matin d’après.

Il est un matin comme les autres.

 

Sauf que, j’ai frictionné et gratté ma peau presque jusqu’au sang sous la douche.

En essayant d’effacer ce visage de traître, le rasoir a glissé. Maintenant, plus rien à cacher.

 

Il ne s’est rien passé. Il ne sait rien pensé.

 

Sauf que, le parfum était toujours là.

Dans la salle de bain.

La cuisine.

Le salon.

Même dans le placard de bazar.

Partout.

Je croyais l’avoir éliminé.

Mais là. Il me suit partout.

 

Les enfants sont grognons de sommeil. On va encore être en retard !

 

Sauf que, je lui demande. "C’est quoi, ce parfum ?"

J’espère qu’elle me répondra que rien n’a changé. Que je suis un peu bête ce matin. Je croise les doigts.

Mais non.

 

"Tu aimes ? C’est Laura. Un cadeau des filles, hier soir. J’adore !"

 

Laura.

Un parfum.

Qui suit ma femme.

Ma femme.

Devenue.

Laura.


Tuesday 17th June 2025
Reversed version

 

 

The morning after.

It’s a morning like any other.

 

Except that, I scrubbed and scratched my skin nearly raw in the shower. In trying to erase the face of a traitor, the razor slipped. Now, there’s nothing left to hide.

 

Nothing has happened. Nothing was thought.

 

Except that, the perfume was still here.

In the bathroom.

The kitchen.

The living room.

Even in the junk closet.

I thought I had eliminated it. But there it is. Following me everywhere.

The kids are sleep grumpy. We’re going to be late. Again.

 

Except that, I ask her: "Is that a new perfume?"

I hope she’ll say nothing’s changed. That I’m just being silly this morning, aren’t I? I cross my fingers.

But no.

 

"You like it? It’s Laura. A gift from the girls last night. I love it!"

 

Laura.

A perfume.

Trailing my wife.

My wife.

Becoming.

Laura.


Wednesday 18th June 2025

 

 

I only have two more days left in the city.

And only a ghost of a chance of running into you again.

 

I mostly hate myself.

The fire in me turned out to be just a puff of air when it mattered.

 

Did I believe you wouldn’t remember me? 

Maybe.

Was I afraid of the magnitude of my feelings for you? Yes.

Always.

 

What happened yesterday? Was it you?

 

Of course it was.

 

The day was unbearably hot for me, as I came from my cooler than usual Icelandic summer.

I could feel the dust of the streets sticking on my skin like painted-on scars.

 

I am one to avoid mirrors at all costs but the inevitable reflection of myself in the shop windows showed the reddest tomato of all Paris.

 

The day was sluggishly dense in its inescapable heat. So maybe, it’s a blessing that there was no encounter.

 

So, I knew. That the emotions that stopped me mid-step were yours.

 

The ice-cold sadness and the storming guilt. Not mine.

 

The prickly shame. Not mine.

 

You were not touching me but I felt you rubbing your skin raw.

I felt the heat, the fear, the mistake.

 

I knew.

You knew.

 

Then came the cosmic urge to put it right.

But what?

 

Did you do something you regret?

Is that why I sense you now?

 

I can feel your need.

Your body calling.

But I also caught your cautious recoil in fear.

 

Is it time to find you?

 

Because the shame was unsettling most of all.

It awakened something I don’t want.

 

Are you ashamed of desiring me?

Am I someone to be ashamed of?

A love to hide?

To bury?

 

Is your shame bigger than your love?

The weakness you’ll turn into a shield? 


Mercredi 18 juin 2025
Version inversée

 

 

Il ne me reste plus que deux jours en ville.

Et seulement l’illusion d’une chance de te recroiser.

 

Je me hais plus que tout.

La flamme en moi s’est révélée n’être qu’un souffle d’air, après tout.

 

Est-ce que je croyais que tu ne te souviendrais pas de moi ?

Peut-être.

Est-ce que j’avais peur de l’intensité de mes sentiments pour toi ?

Oui.

Toujours.

 

Que s’est-il passé hier ? Était-ce toi ?

Oui. Bien sûr.

 

La journée était abominable de chaleur pour moi, venant de mon été islandais plus froid que la moyenne.

Je sentais la poussière des rues se coller à ma peau comme des peintures de cicatrices.

 

Mon habitude a toujours été d’éviter les miroirs, mais je ne pouvais pas échapper à l’inévitable reflet que les vitrines me renvoyaient. La plus rouge tomate de tout Paris.

 

Cette journée était une densité stagnante dans sa chaleur implacable.

 

Mais je savais que les émotions qui m’ont arrêté dans mes pas étaient les tiennes.

 

La tristesse glacée et la tempête de remords.

Pas les miennes.

Les épines de honte.

Pas les miennes.

 

Tu ne me touchais pas. Mais je sentais ta peau à vif. Écorchée.

 

Les impressions de chaleur, de peur, d’erreur.

 

Je savais.

Tu savais.

 

Puis est venu ce désir cosmique et urgent de tout réparer.

Mais quoi ?

 

As-tu fait quelque chose que tu regrettes ?

Est-ce la raison de tout ça ?

 

Je sens ton besoin.

Ton corps appelant le mien.

Mais aussi ton recul prudent effrayé.

 

Est-ce que maintenant je dois te retrouver ?

 

Parce que cette honte était déconcertante. Elle a réveillé quelque chose que je ne veux pas.

 

Te reproches-tu de me vouloir ?

Est-ce une infamie de m’aimer ?

Suis-je un amour à cacher ?

À faire disparaître ?

 

Ta honte est-elle plus forte que ton amour ?

La faiblesse que tu transformeras en bouclier? 


Vendredi 20 juin 2025
Le matin

 

 

Vendredi est mon jour à moi. Mon jour à me lever tard pour travailler à la maison.

 

Ce matin, j’ai vu les premiers rayons de soleil qui se sont pointés derrière les volets avant six heures.

Je n’avais pas dormi de la nuit.

J’ai passé ces longues heures vides à essayer d’éviter la peau moite et laiteuse si proche de moi. Ça ne m’empêchait pas d’écouter sa respiration. Profonde. Parfois troublée, parfois murmurée.

 

Juste avant sept heures, quand la symphonie des réveils a commencé, j’ai fermé les yeux. Fort. Fait semblant de dormir. Immobile.

 

Silence exécuté des réveils et lentement, les petits bruits du matin.

La chasse d’eau. Le robinet. Les chut, papa dort. Les bols posés à fracas sur la table de la cuisine. "Ton sac de gym, il est où ?"  Le parfum. Un autre robinet. Une porte de placard. Laura. 

Les promesses du café s’insinuent dans la chambre.

"On y va, on y va ! chuuut ! " Des rires. 

Coup d’air. La porte claque. Les clés cliquent.

 

J’ouvre les yeux.

 

Merde ! Qu’est-ce que j’ai fait ?

 

Le parfum est toujours là. Il s’est clouté et épinglé à l’endroit.

Combien de temps ça dure, une bouteille de parfum ?

 

Qu’est-ce que je fais ? Ce n’est pas un parfum qui a tout bouleversé, bordel.

Un parfum, c’est rien. Une odeur qui peut être remplacée par une autre. On peut tout brûler, et là, le parfum n’existe plus.

 

Ou quoi ?

 

Non. 

C’était elle. Cette inconnue étrange. Étrangère ? À la boulangerie.

Son sourire. Comme un long baiser à la nuque. Juste à l’endroit, là, qui me donne des frissons.

Ses yeux. Une musique sombre. Hypnotisante. Seulement pour nous deux.

Sa forteresse invisible. Mon miroir, À moi.

Sa voix. Un accent minuscule de ne sais où. Certaine dans son hésitation.

 

Mais qu’est-ce que je fais là ?

Ma vie est belle mais pas mon âme ?

Toute ces années, aimé, et moi je fais ça ?

Je ne dors pas la nuit pour ne pas rêver à une autre ?

Une autre qui me connait mieux que les autres. Dont j’ignore le nom. Pour qui je n’existe sûrement pas. Une ombre.

 

Ou quoi ?

 

Où est-ce que je vais, là ?

 

Laura. Oui, c’est Laura.

 

Laura dans l’air. Laura dans le silence de l’apart. Laura sur le plafond, blanc et éclatant.

 

Klaxon exagéré dans la rue.

 

Je baisse les yeux.

 

Le drap est trempé de sueur, froissé et collé à mes jambes osseuses.

 

Une érection.

 

Alors, c’est là où je vais, ça ?

 

Une inconnue que je connais de toute mon âme et que j’appelle Laura. Elle m’a vu comme je suis et m’en ai aimé.

 

Mais qu’est-ce que j’ai fait ?

Qu’est-ce que je suis en train de faire ?

Qu’est-ce que je suis devenu ?


Friday 20th June 2025
Morning
Reversed version

 

 

Friday is my day. My day to sleep late and work from home.

 

This morning, long before six, I saw the first sunbeams peeking through the blinds.

I haven’t slept all night. I spent those long empty hours trying to evade the clammy, milky skin next to me. It didn’t stop me from listening to her breathing. Deep. Sometimes troubled. Sometimes whispered.

 

Right before seven, when the symphony of alarms began, I closed my eyes. Hard. Pretend to sleep. Don’t move.

 

Silent execution of the alarms. Slowly, the little sounds of morning begin.

Flushing. Running water. "Shh, daddy’s sleeping". Bowls clatter on the kitchen table. "Where’s your gym bag?"  The scent.  More water running. Slamming cabinet. Laura. 

The promises of coffee creeping in the bedroom. "Let’s go! Let’s go! Ssh! "

Giggles. Door slams. Keys clicking.

 

I open my eyes.

 

Fuck! What have I done?

The scent is still here. It nailed and pinned itself in place.

How long does a bottle of perfume last?

 

What do I do?

A perfume can’t turn my life upside down, can it?

A scent, it´s nothing. You can replace it with another. Set the whole thing on fire and then, it’s gone. Forever.

 

Or what?

 

No.

That was her.

The stranger. A foreigner? At the bakery.

 

Her smile. Just like a soft, long kiss on the back of my neck. On that spot, right there, that makes me quiver.

Her eyes. A dark and hypnotic music. Only for the two of us.

Her invisible fortress. My reflection. All mine.

Her voice. The tiniest accent from I don’t know where. Confident in her hesitation.

 

What the hell am I doing?

La vie est belle but not my soul ?

I stay awake all night to avoid dreaming of someone else?

Someone who knows me better than the others?

For whom I surely don’t exist? A shadow.

 

Or what?

 

Where the hell am I going?

Laura.

Yes, Laura.

Laura is in the air. Laura in the silence of the apartment. Laura on the ceiling, white and bursting.

 

Excessive horn blasts from the street.

 

I look down.

 

The bedsheet is all crumpled, soaked in sweat, sticking to my bony legs.

 

An erection.

 

So, where am I going here?

 

A stranger I know with all my soul and I call her Laura. She saw me as I was and loved me for it.

 

What have I done?

What the hell am I doing?

What have I become? 

Vendredi 20 juin 2025
L'après midi

 

 

J’ai fini mon travail rapidement en me disant que j’allais profiter de mes quelques heures de liberté cet après-midi.

Message à ma femme : je vais me promener cet aprèm. Je récupèrerais les enfants après l’école. Je t’aime, mon amour.

 

Paris et le soleil de juin. Le bonheur.

Je vais commencer ma détente avec une bière. Toutes les terrasses sont bondées mais je finis par en trouver une de libre. Avec une belle vue de la vie paresseusement frénétique des Parisiens. People watching. Ça me relaxe de temps en temps.

 

La serveuse m’amène à une table. Parfait.

Une pression, s’il vous plaît, dis-je en retirant ma veste qui me collait déjà au dos. Pourquoi ai-je pris une veste en sortant ? Aucune idée vraiment, sauf mon besoin de toujours vouloir être prêt à tout. Au cas où. Donc des conneries. Maîtrise de soi.

 

La serveuse fait une drôle de tête.

-       Il y a un problème ?

-       Non. Non m’sieur. C’est rien. C’est marrant, c’est tout. 

Grand sourire.

-       Quoi donc ?

-       Le parfum. Quand vous avez enlevé votre veste.

-       Oh non ! Je suis désolé. Je ne sais pas ce que je fais avec une veste dans cette chaleur.

La honte. Merde.

-       Non. Nonononon. C’est pas ça. Pardon. Pardon monsieur. Je voulais dire…le parfum. Elle étend le mot. Parfuuum. De votre veste.

-       Oui ?

-       La femme qui était à cette table avant…elle portait le même.

-       Le même ?

-       Oui. Parfum. D’habitude les femmes portent Gucci ou Prada. Ou Dior ou Jean Paul Gaultier. Toujours les mêmes. Les parfums. Mais elle…je m’en rappelle parce que c’était différent. Et j’ai bien aimé. C’est quand même marrant que le même parfum revienne en moins d’une heure.

-       Vous êtes sûre ?

-       Oui, oui.

-       Laura.

-       Pardon ?

-       Ah oui. Non. Le parfum. De ma femme. Il s’appelle Laura. Le parfum. Pas ma femme. En fait, c’est son nouveau parfum.

Putain, je lui raconte ma vie !

-       Ah génial. Vous savez si c’est nouveau ?

-       Aucune idée. C’était un cadeau. Pas de moi.

Putain ! Tais-toi ! Elle a pas besoin de tous les détails !

Je vois que les doigts lui démangent de sortir son téléphone de sa poche.

-       Oui, d’accord. Une pression tout de suite, m’sieur.

 

Laura

Laura ?

Non.

Pour de vrai ? sérieux ?

 

Elle revient avec ma bière.

-       Dites-moi…

-       Oui ?

-       Cette femme…

-       Votre femme ?

-       Je ne sais pas. Elle était comment ?

-       Ahh, avant vous ? tout à l’heure ?

-       Oui. Comment ?

-       Elle était brune…je crois. Elle est partie vite.

-       Ah d’accord. Ma femme est blonde.

-       Ah bah vous voyez. Rien à voir.

-       Peut-être…

       

Après, je n’entends pas ce qu’elle me dit. Si elle m’a dit quelque chose. Il y avait du monde. Peut-être s’est-elle esquivée discrètement ? 

Du moins, je crois qu’il y avait du monde. Je n’en suis pas sûr.

 

Laura.

Était.

Là.

Pour de vrai.

Et moi. Rien fait.

 

Et si c’était ça le pire ? Que je l’ai vue. Et laissé partir.

 

Je veux regarder autour de moi. Examiner l’espace. Peut-être a-t-elle décidé de revenir ? Elle aurait oublié son livre ? Ou un rendez-vous ? Ou elle savait que je viendrais ? Me donnera une dernière chance ? Une intuition ?

 

Mais j’ai peur. D’essayer de la trouver dans cette scène banale. Et si elle ne me reconnaissait pas ? Elle est là ? Elle était là ? Elle revient ?

 

J’aimerais que mes yeux tombent sur elle précisément. Et par hasard. Comme une surprise attendue.

Mais je ne vois plus rien. J’ai été avalé dans une bulle opaque et cotonnée. Il y a le monde. Et il y a moi. Dans ma bulle. Aveugle. Sourd.

Mon cerveau est une barbouille grise de silence et désordre.

 

Ce n’était pas un rêve ? Une hallucination par manque de sommeil ? Un délire des sens par le stress ?

Je ne sais pas. Je ne comprends pas. Je suis dans le néant. Fini.

 

Je devine que j’ai fini ma bière. Ou au moins la payer.

Parce que ma mémoire la plus récente, ou plutôt la réaction immédiate de mon état d’être, c’est la rue. Évidente sans ses ombres.

 

Je marche. Où ? Je ne sais pas. Je continue.

Ma veste ? Je ne sais pas si je l’ai.

Si. À mon bras. Un de mes bras est plus chaud que l’autre. Ça doit être celui qui tient la veste.

 

Marche. Je marche.

Mais où ? Je ne le sais toujours pas.

Continue de marcher.

 

Les gens ? Je ne sais pas.

Ils doivent bien être là. Devant moi. Derrière moi. À côté ?

Non.

 

Je marche. Seul.

 

Mais où ? Mais où ?

Laura n’est pas là. Où ?

Marche.

Un pas. Un autre. Et puis un autre.

Marche. Avance. Ça va.

 

Laura était là. Tout le monde l’a vue.

Partie. Elle est partie.

Continue. Avance.

Où ?

Quelque part. Tu sauras.

Comment ? Bouge-toi. Trotte. Avance.

 

Continue. Continue.

J’ai commencé à avoir froid. Ou frais.

Je me suis arrêté sur mes pas.

-       Putain de con !

-       Quoi ?

-       Mais ne stoppe pas comme ça, espèce de connard ! tu voulais me faire tomber ?! Enculé !

-       Pardon, pardon. J’suis désolé.

 

Je me bouge sur le côté. Je m’écrase sur une vitrine. Elle est grande et froide. Humide. Lavée ?

C’est le crépuscule. Déjà ?!

Laura. Partie. Venue. Disparue.

 

Merde.

 

Les enfants.

 

Mon portable ! Dans ma veste ?

Non ! On me l’a piqué !?

Non.

Dans ma poche. Devant.

 

Trente-sept appels non répondus. 37

Elle va me tuer. Et elle aura raison.

 

Putain de merde ! Qu’est-ce que j’ai fait ?

Je refourre mon téléphone dans ma poche. Je cours.

 

Ma veste ? Merde. Tombée. Fuck it !

Non, mes clés. Les clés.

Retourne. La veste. 

 

Cours. Cours.

J’ai de grandes jambes mais pas la forme.

Cours. De toute façon.

 

L’école ? Oui, l’école !

Cours.

Un point de côté. Putain. 

Cours. Vite. Vas-y !

 

J’arrive à l’école. Essoufflé. Ensué. 

Non. Pas d’enfants misérables et en larmes au portail.

Mais quel con je suis !

Bien sûr. Les surveillants. Ont appelé leur mère.

Ils ont réglé ça sans moi.

 

Cours à la maison !

Maintenant.

Cours, imbécile.

 

Tu n’étais même pas là quand elle était là. Et maintenant tu cours.


Friday 20th June 2025
Afternoon
Reversed version

 

 

I finished my work quickly, thinking that I would enjoy my few hours of freedom this afternoon. I messaged my wife: going for a walk this afternoon. I’ll pick up the kids after school. I love you.

 

Paris and the sun in June. Beautiful.

 

I’ll start with a beer. All the terraces are overcrowded, but I finally find one. With a fantastic view to watch the lazily frenetic life of Parisians unfold. People watching. So relaxing sometimes.

 

The waitress takes me to my spot. Perfect.

"A beer, please", as I take off the jacket that was already sticking to my back. Now, why did I take a jacket leaving the house, I don’t know. Except maybe that I always have a need to be ready for anything, just in case.  A load of crap, really. Self-control.

 

The waitress makes a funny face.

-       Is there a problem?

-       No. No, sir. It’s nothing really. Just funny. 

 

Wide smile.

 

-       What is it?

-       The scent. When you took off your jacket.

-       Damn it! I am so sorry. I don’t know why I have a jacket in this heat!

 

Shame on me. Fuck! 

 

-       No. nononono. It’s not that. I’m really sorry, sir. I meant…the perfume.

 

She stretches the word.  

Peeeeerfume. 


-       From your jacket.

-       Yeees?

-       The woman who was here before you…she wore the same.

-       The same?

-       Yes. Perfume. Usually, women all wear the same. Gucci or Prada. Dior or Jean Pal Gaultier. Always the same. But not her. I noticed because it was different. And I liked it. It’s just funny that the same perfume shows up twice in less than an hour.

-       Are you sure?

-       Yes. Yes.

-       Laura.

-       Pardon me?

-       Yes. No. the perfume. My wife’s. it’s Laura. The perfume. Not my wife’s name. she just got it.

 

Fuck, now I’m telling her my life story!

 

-       Cool! Do you know if it’s new?

-       No idea. It was a gift. Not from me.

 

For fuck’ sake! Shut up! She doesn’t need all the details!

 

I can see her fingers itching to grab the phone in her pocket.

 

-       Right, sir. One beer coming up.

 

Laura.

Laura?

No.

For real? Actually?

 

She brings me my beer.

 

-       Tell me...

-       Yes?

-       This woman…

-       You wife?

-       I don’t know. How was she?

-       Right! Before you? Earlier?

-       Yes. How?

-       She had dark hair…I think. I don’t know. She didn’t stay long.

-       Aah, alright. My wife’s blonde.

-       See? No worries, sir.

 

I don’t really hear the rest. If she said anything more. There were a lot of people. She might’ve slipped away discreetly. At least, I believe there were a lot of people. I’m not sure.

 

Laura.

Was.

Here.

For real.

And I…did nothing.

 

What if this was the worst? That I saw her. And let her leave.

 

I want to look around me. To scan the space. Maybe she decided to come back? She forgot her book? Or a date? Or she knew I would be here? To give me one last chance? An intuition?

 

But I was afraid. To try to find her in these banal surroundings. What if she did not recognise me? is she here? Was she? Coming back?

I would love for my eyes to stumble on her precisely. And by chance. Like an expected surprise.

 

But I don’t see anything. I’ve been swallowed by a bubble. Opaque and cottoned. There are people. And there is me. In my bubble. Blind. Deaf.

My brain is a grey mess of silence and chaos.

Was it a dream? A hallucination from lack of sleep? An insanity of stress?

I don’t know. I don’t understand. I am in the abyss. Done.

 

I assume I finished my beer. Or at least I paid for it.

Because my most recent memory, or more precisely, my immediate reaction to my state of being, is the street. So glaring without its shadows.

 

I’m walking.

Where to?

I don’t know. Keep going.

 

My jacket?

I don’t know if I have it.

Yes, I do. i do. On my arm. One arm is hotter than the other. It must be the one holding the jacket.

 

Walk. I’m walking.

But where to? I still don’t know.

Keep walking.

People? I don’t know.

They must be around. In front of me. behind me. by my side?

Non.

I’m walking alone.

 

Where to? Where to?

Laura isn’t here. Where?

Keep walking.

One step. Another. Then another.

Keep walking. Keep going. Go on.

 

Laura was here. Everyone else saw her.

Gone. She’s gone.

Keep. Walking.

Where?

Somewhere. You’ll know.

How? Move it. Get going. Keep walking.

Go on. Go on.

 

I got a bit cold. chilly.

I stopped mid-step.

 

-       Asshole!!!

-       What?

-       Don’t fucking stop in the middle of the street like that! Fucker!

-       Sorry! Sorry! Forgive me! 

 

I move to the side. I squish myself against a shop window. It’s big and cold. Wet. Washed?

The sun is down. Already?!

Laura. Gone. Here. Disappeared.

 

Shit.

 

The kids.

 

My phone! In my jacket?

No! Stolen?

No.

In my pocket. The front one.

 

Thirty-seven missed calls. 37.

She is going to kill me. And rightly so.

 

What the hell have I done?

I stuff my phone back in my pocket. Run.

 

My jacket? Shit! Dropped it! Fuck it!

No. My keys. The keys.

Go back. Get jacket.

 

Run. Run.

I have long legs but I’m not in shape.

Run. Anyway.

 

The school? Yes, the school!

Run.

Stich in my side, damn it!

Run. Fast. Go on!

 

I arrive at the school. No miserable and crying children at the gate. What an asshole I am!

Of course! The staff. They called their mother.

They fixed it without me.

 

Rune home!

Now!

Run, stupid!

 

You couldn’t even be there when she was. And now, now you run.


Vendredi 20 juin 2025
Le soir

 

 

En haut de l’escalier. J’essaie de rattraper mon souffle. Ma sueur a glacé entre mes épaules. Un frisson. Deux frissons.

 

J’entend les enfants qui rigolent derrière la porte.

J’ouvre.

Moment figé.

 

-       Papa ! T’as acheté des frites pour ce soir?

Ma femme. Immobile. Des ombres qui jouent sur son visage. Soulagement. Agacement. Amoureusement.

-       Ça va ? Tu vas bien, mon amour ?

-       Oui. Oui. J’ai perdu la notion du temps. Pardon.

-       C’est rien. Ça arrive. T’en as beaucoup à faire ces jours-ci. Tu n’avais pas ton portable avec toi ?

Merde. Qu’est-ce que je dis là ?

-       Si, mais il était en silencieux.

Une moitié de mensonge.

-       Ah d’accord. Bon. Je vais donner à manger aux enfants. Tu veux quelque chose?

-       Non. Non, merci. Je pue, là. Il vaudrait mieux que je prenne une douche.

Elle m’embrasse sur la joue.

-       D’accord mon amour. À plus.

 

Les enfants courent bruyamment vers la cuisine. Elle les suit mais se retourne pour me regarder un peu plus longtemps.

 

Mais quel lâche je suis.

 

Salle de bain. La lumière du plafond me fait mal aux yeux. Mais je ne peux pas faire ça dans le noir.

J’ai toujours ma veste au bras. Je la laisse tomber sur le sol. Je retire ma chemise. Dégueulasse. Pas de cravate aujourd’hui. 

Pantalons. Caleçons. Chaussettes. Qui puent la transpiration.

 

Je me regarde dans le miroir au-dessus du lavabo. J’ai l’air fatigué. Mon visage, le même étranger que ce matin.

 

La douche. L’eau. Assez chaude pour me brûler. Aussi chaude que je puisse la supporter.

Il faut que j’enlève tout ça de moi. Que ça disparaisse. La transpiration. La trahison. L’envie.

Je me frotte comme un frénétique. Sous les bras. Sur mon ventre. Entre les jambes.

 

Mais qu’est-ce que j’ai fait ?

 

Les rideaux de la douche s’ouvrent. Je n’ai jamais entendu la porte de la salle de bain. 

Je sens ses mains sur mon dos. Lentes. Caresseuses.

Elles se glissent sur ma poitrine. Je me retourne.

J’embrasse ma femme. Des larmes ou des gouttes sur le visage. Elle est belle.

 

-       Les enfants ?

-       Devant la télé.

 

Elle m’embrasse à nouveau, ses mains sur mon sexe.

Le parfum domine la vapeur.

Elle me prend dans sa bouche. Ses cheveux sont foncés par l’eau.

Je lève mon visage. Et je viens.

 

Ce n’est pas elle. Et pourtant…je la laisse m’aimer.

 

Elle se relève et je cache mon visage dans ses seins.

- Ça va, mon chéri ?

- Oui. Je suis fatigué.

 

On reste là. Ensemble.

Sous l’eau.

Tiède.

Silencieux.


Friday 20th June 2025
Evening
Reversed version

 

 

At the top of the stairs. I try to catch my breath. My sweat feels like ice across my shoulders.

A shudder. Then another.

 

I hear the kids giggling behind the door.

 

I open.

A moment of stillness.

 

-       Dad! Did you bring fries for dinner?

My wife. Immobile. Shadows and light playing across her face. Relief. Exasperation. Love.

-       Are you alright, my love?

She touches my hand and squeezes my arm, as if to make sure it’s really me.

-       Yes. Yes, I lost track of time. Sorry.

-       It’s ok. It happens. You’ve got a lot on your mind these days. You didn’t have your mobile with you?

 

Shit. What do I say now?

 

-       Yes, but it was on silent.

A half-lie.

 

-       Alright. Well…I’ll give the kids their dinner now. Are you hungry?

-       No. no, thanks. I stink. I should take a shower.

She kisses me lightly on the cheek.

-       Right, love. See you in a bit.

 

The kids rush loudly into the kitchen. She follows them and turns back. To look a me, just a bit longer.

 

What a coward I am.

 

Bathroom. The ceiling light is too bright and hurts my eyes. But I can’t do this in the dark.

My jacket still hangs on my arm. I let it fall to the floor.

I take off my shirt. Disgusting. No tie today.

Trousers. Boxers. Socks. All of it soaked with sweat.

 

I look at myself in the mirror above the sink. I look tired. The same stranger from this morning.

 

Shower. Water.

Hot enough to burn. As hot as I can bear. I have to clean this off me. The sweat. The betrayal. The desire.

I scrub like a fanatic. Under my arms. My stomach. Between my legs.

 

What have I done?

 

The shower curtain slides open. I didn’t hear the door.

Her hands on my back. Slow. Caress. Soft.

They move to my chest. I turn.

I kiss my wife. Tears or drops of water. She is beautiful.

-       The kids?

-       Watching TV.

 

She kisses me again. Her hands wrap around me. On my sex. She takes me in her mouth. 

The perfume rises through the steam. Her hair darkens with the water.

 

I look up. And I come. 

 

It’s not her. And still…I let her love me.

 

She stands. I bury my face in her breasts.

-       Are you ok, darling?

-       Yes, just tired.

 

We stay like that.

Together.

Under the water.

Lukewarm.

Silent. 

 Vendredi 20 juin 2025
La nuit
 

 

Charles de Gaulle. Glauque. Fluorescent. Métallique. Les gens. Partout. Pas toi. Juste moi. 

 

À quoi je m’attendais, en fait ? Que la foule se sépare en deux ? Avec toi courant au milieu ? Comme dans un film merdique ? Laura, je t’aime ? 

 

Please. 

 

Tu ne m’as pas reconnue. 

C’est tout. Il n’y a rien à ajouter. 

 

Maintenant, c’est au tour des gardes de la sécurité de l’aéroport de me déshabiller du regard. 

 

Dans l’avion, j’ai un livre à la main. Dring de Christian Gaillly. Tu as lu ? 

Il y a des madeleines dans mon sac mais je n’ai pas faim. 

 

Tout dort autour de moi. 

 

J’ai acheté mon parfum au duty free. Et, d’une façon ou d’une autre, le bouchon du flacon s’est fendu. 

Des vagues de Laura traversent l’avion. 

D’un rang à l’autre. 

 

Je ferme les yeux. 

J’en envie de pleurer. 

Je t’imagine. 

 

Tu es chez toi. Tu regardes la télé avec tes enfants dans les bras. Ta femme, passant derrière le canapé, s’arrête pour te poser un baiser sur la tête. Sur le petit bout qui n’a plus de cheveux. Et toi, tu lève la tête pour lui sourire. 

Long baiser sur fond de dessins animés. 

 

Et moi. 

Moi je suis là. À trembler de froid dans mon avion. 

Qui part de toi. 

À vouloir pleurer mais à ne pas pouvoir. 

Parce que, qu’est-ce que je dirais, si on me demandait pourquoi je pleure ? 

 

Rien. 

Rien. 

J’ai raté mon âme sœur. 

Mon jumeau. 

 

Quelle conne. 

 

La nuit ne tombera pas sur l’avion. 

Le solstice est aujourd’hui. 

Le jour le plus long pour penser à tous mes échecs. 

 

Lovely. 

 

Kæru farþegar. Við erum að nálgast Ísland. Staðartíminn er 01:44 og það er svalt í loftinu, 9 stig hita. Við þökkum fyrir yndisleg flug. Velkomin heim. 

 

Chers passagers, nous nous approchons de l’Islande. L’heure locale est 01 :44 et la température est en ce moment à 9 degrés Celsius. Nous vous remercions de ce vol plaisant et vous souhaitons bienvenue en Islande. 

 

Ça y est. 

Fini. 

Paris n’est plus qu’un souvenir. 

Friday 20th June 2025
Night
Reversed version

 

 

Charles de Gaulle. Gloomy. Fluorescent. Metallic. People everywhere. Not you. Only me.

 

What did I expect, really? That the crowd would part in two? To reveal you, running towards me? Like in a shitty movie? Laura, I love you?

 

Please.

 

Now, it’s only the airport security guards who undress me with their eyes.

 

In flight, I have a book in my hand. Dring by Christain Gailly. Have you read it?

There are madeleines in my bag but I’m not hungry.

 

All is asleep around me.

 

I bought my perfume at the duty free and in some way or another, the bottle cap split open.

Waves of Laura moving through the plane.

From one row to the next.

 

I close my eyes.

I want to cry.

I see you in my mind.

 

You’re at home. You’re watching TV, cuddling with your kids. Your wife, passing behind the couch, stops. She kisses you on the head. On that little bold spot. And you, you look up to her with a smile.

A long, deep kiss on a background of cartoons.

 

Me.

I’m here. Shivering in the cold of this flight.

Leaving you.

I want to cry but I can’t.

Because what would I say if someone asked me why?

 

Nothing. 

Nothing.

I missed my soulmate.

My twin.

 

Stupid girl.

 

The night won’t fall on this flight.

Today is the solstice.

The longest day to reflect on all my failures.

 

Kæru farþegar. Við erum að nálgast Ísland. Staðartíminn er 01:44 og það er svalt í loftinu, 9 stig hita. Við þökkum fyrir yndisleg flug. Velkomin heim.

Dear passengers, we are approaching Iceland. The local time is 01:44 and the temperature is currently 9 degrees Celsius. We want to thank you for a lovely flight and welcome you to Iceland.

 

Here we go.

Fini.

Paris is now just a memory.
 

Saturday 21st June 2025

 

 

Home.

The vague and stale smell of tobacco. Echoes of silence. My tears.

I let myself cry now. Was this all there was to it?

Anticipation. Ecstasy. Emptiness.

 

No.

 

No.

 

Dry your tears, little girl.

I open all the windows wide. I let the cool, fresh air punish me.

The neighbours aren’t home. I can blast my music. Bérurier Noir. 

Let’s revolt. Let’s be angry. Let’s be me.

 

I turn on the shower. Once the room is all steam, I get in.

My hands and forehead pressed to the ugly tile wall.

I want to cry some more but I won’t.

 

The water on my back is like burning pins and needles.

I want to scrub Paris off me. I want the water to desensitize me completely.

Beat me. Torture me. End me.

 

You are still on my skin, like a last breath.

Your hands run down my back, claiming me slowly as yours only. Your body hard against me.

Your hand, teasing my breasts, slides down slowly.

Playing. Playing.

 

The water runs cold. Glacial.

I scream your name in rage. I come as a final battle. I fall to the floor. Taken.

I let myself cry the desire and the pain.

 

You’re here. And everywhere. On my lips. In my screams.


Samedi 21 juin 2025
Version inversée

 

 

Chez moi. 

Vague odeur de vieux tabac. Échos de silence. Mes larmes. Je me laisse enfin pleurer. Est-ce que c’était vraiment tout ?

L’attente. L’extase. Le rien.

 

Non.

 

Non.

 

Sèche tes larmes, petite fille.

J’ouvre les fenêtres en grand. Je laisse l’air, froid et frais, me punir. Les voisins ne sont pas là. Je peux mettre ma musique. Bérurier Noir. Révolte. Colère. Moi.

 

La douche. L’eau. Quand tout est embué, j’y vais.

Mes mains à plat contre les carreaux moches et humides. Je veux pleurer. Mais non. 

L’eau me brûle le dos comme des aiguilles de feu.

Je veux me laver de Paris jusqu’au sang. Que l’eau me rende insensible. Qu’elle me batte. Me torture. Me finisse.

 

Tu as imprimé ma peau comme un dernier soupir.

Tes mains tracent des sillons sur mon dos. Lentement, tu me marques comme la tienne à toi seul. Ton corps est dur contre le mien. Ta main, sur mes seins, descend lentement.

Elle joue. Elle joue.

 

L’eau devient froide. Glaciale.

Je crie ton nom en rage. Je jouis comme dans une bataille finale. Je tombe au sol. Vaincue.

Je me laisse pleurer l’envie et la souffrance.

 

Tu es là. Omniprésent. Sur mes lèvres. Dans mes cris. 

Lundi 23 juin 2025

 

 

Dossier:Documents/Recherche/Notes_techniques/Tableau-Corrections Excel/Annexes

Fichier:_note_personelle_23juin.docx

 

 

Elle ne m’a jamais demandé ce qui s’est passé vendredi. Elle est restée dans mes bras toute la nuit.

 

Le weekend était canicule et invasion des rues pour la Fête de la Musique.

Pas vraiment le temps ou l’envie de parler.

 

Mais de quoi exactement ?

 

Que le corps d’une inconnue est brûlé à vif sur ma peau ?

Que le parfum qu’elle portait est celui que tu portes maintenant ?

Que j’ai décidé qu’elle s’appelle Laura ?

Que je pense à elle sans arrêt ?

Que je me demande sans cesse ce que ce serait de la posséder ? Vraiment ? Sans limite ? Mais qu’en fait, je le sais déjà.

Qu’elle est la seule qui m’ait vu en vérité, et m’en a aimé ?

Que je sens sa peau sur mes doigts ? Et sur ma langue ?

Que je sais à quel point tout ça est dangereux ? Pour elle. Pour moi. Pour nous.

 

Faut-il vraiment en parler ?

 

Ou dois-je essayer d’enfouir ça au plus profond de mon âme ? Continuer cette vie qui était sans problème jusqu’à maintenant ?

Et pourrait toujours l’être ?

 

Je ne sais même pas si je la reverrai.

Ou si je dois la retrouver (devrai-je ?)

 

Y a-t-il un sens dans tout ça ? Un message des forces de là-haut ? Un karma ou une destinée ? Un démon de midi ?

 

Que sais-je ?

 

Alors vraiment, faut-il en parler ?

 

 

Et puis non.

C’est pas ça.

Du moins, pas maintenant.

Pas un journal.

 

Je veux t’écrire à toi.

L’inconnue qui a laissé sa trace sur moi.

Je t’appelle Laura.

Laura que j’ai choisie.

 

Mercredi dernier, je t’ai croisée (vue ? imaginée ?) dans cette petite boulangerie. 

Un orage ? Une tempête ? La météo n’a rien qui pourrait décrire ce que tu m’as fait.

 

Nu. J’étais complètement nu sous ton regard. 

La nudité en public est le pire des cauchemars.

Mais la nudité en toi…le monde n’existe plus.

 

Ton sourire.

Putain.

Ton sourire a pris toutes mes blessures, les a pressées entre ses dents et a dit : ça aussi, je prends.

 

Ma femme me parle.

Mes enfants m’amusent.

Je souris.

Mais je ne pense qu’à ta présence.

 

À ta peau que je veux goûter. Lentement. Gloutonnement. Salement.

À ta gorge. À ton souffle.

Je me retiens de te dire les choses que je veux te faire.

C’est indécent.

C’est absurde.

Et pourtant, c’est tout ce que je veux.

 

Laura.

Je ne pense pas à te chercher (où commencerais-je ?).

Mais si tu réapparaissais, je te jure que je ne me tairais pas cette fois.

 

Laura.
Laura à moi.

Laisse chaque mot clignotant sur mon écran être un mot d’amour à toi.

 

 

Je vais garder cette lettre ici. Enfouie dans mes fichiers de travail.

 

Je suis dans mon bureau. Mon grand bureau solitaire, qui dit bien que je suis arrivé dans ma profession.

Mais là, avec cette chaleur, avec ma chemise qui me colle au dos et sous les bras, avec ma cravate que j’ai envie d’arracher parce qu’elle m’étouffe, là, je me demande s’il n’aurait pas été mieux d’être vigneron quelque part dans le sud. Ou n’importe quoi d’autre.

 

Pourquoi je fais ça maintenant ?

J’ai tout.

Tout ce qu’un homme pourrait désirer.

Tout ce que je voulais. Cinquante années à travailler pour ça. Ça compte pour quelque chose, non ?

 

Et je veux tout risquer pour une inconnue vue une seule fois ?

Ou alors… ce n’est pas du risque.

C’est juste toi.

 

Je vais te garder ici, Laura.

Dans ce fichier. Dans cet écran.

Au moins ici, tu m’appartiens.

Tu ne peux pas disparaître.

 

Oui. Laura.

Mon petit secret à moi.

À moi seul.


Monday 23rd June 2025
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Dossier:Documents/Recherche/Notes_techniques/Tableau-Corrections Excel/Annexes

Fichier:_note_personelle_23juin.docx

 

She never asked me what happened on Friday. She stayed in my arms all night.

 

The weekend was a heatwave and invasion of the streets for La Fête de la Musique.

Not really time, or desire, to talk.

 

About what, exactly?

 

That a stranger’s body is branded onto my skin?

That the perfume she wore is the one you wear now?

That I decided her name is Laura?

That she’s the one who had me in that state on Friday?

That I wonder constantly what it would be like to have her? Completely? Endlessly? But really, I already know.

That she’s the only one who’s ever truly seen me and loved me for it?

That I can feel her skin under my fingers? On my tongue?

That I know exactly how dangerous all this is? For her. For me. for us.

 

Do we really need to talk about it?

Or should I try to bury it in the depth of my soul? Carry on with the life that was fine until now? Maybe could still be?

 

I don’t even know if I’ll ever see her again.

Or if I should try to find her? (Should I?).

Is there a point to any of this? A message from some force above? Karma, destiny or a mid-life crisis?

What do I know?

 

So really, do we need to talk about this?

 

 

Damn it, no.

That’s not it.

At least for now.

Not a diary.

 

I want to write to you.

The stranger burned in me.

I’ll call you Laura.

Laura I chose.

 

Last Wednesday, I crossed path with you (saw you? Imagined you?) in that little bakery.

A storm? A hurricane?

The weather has no language for what you did to me.

 

Naked.

I was completely naked under your gaze.

Public nudity is the worst nightmare.

But nudity in you…the world stopped.

 

Your smile.

Fuck.

Your smile took all my wounds between its teeth and said: this too, I’ll take.

 

My wife talks to me.

My children make me laugh.

I smile.

But I only think of your presence.

 

Of your skin, which I want to taste. Slowly. Greedily. Dirty.

I think of your neck. Your breath.

I hold back from saying all the things I want to do to you.

It’s indecent. It’s absurd.

And yet it’s all I want.

 

Laura.

I’m not thinking of searching for you (where would I even start?) but if you reappeared. I swear to god I wouldn’t stay silent this time.

 

Laura.

My Laura.

Let every blinking word on my screen be a word of love to you.

 

 

I’ll keep this letter here. Buried in my work files.

I’m sitting in my office now. That big, lonely office that says I’ve made it.

But right now, in this heat, with my shirt sticking to my back and underarms, with this tie I want to rip off because it’s choking me, I wonder if I shouldn’t have become a winemaker in the south somewhere. Or anything else.

 

Why am I doing this now?

I have everything.

Everything a man could want. Fifty years spent working for it. It should count for something, right?

And now, I want to risk it all for a stranger I saw once?

 

Or maybe…it’s not a risk.

It’s just you.

 

No.

I’ll keep you here, Laura.

In this file. On this screen.

At least here, you belong to me.

You can’t disappear.

 

Yes. Laura.

My secret.

All mine.


Mercredi 25 juin 2025

 

 

Dossier:Documents/Personnels/Notes/Anciennes_Structures/Fragments_non_classes/

Fichier :essai_ethique_25juin.txt

 

 

Il n’y a pas de texte pour cela.

Pas d’article. Pas de décret.

Pas de code de conduite implicite, transmis en silence.

 

Le Code Civil encadre le mariage, la séparation, les responsabilités parentales. Il trace les lignes. Il balise. Il protège.

 

Mais l’entre-deux ? Les regards et les gestes ? Entre le trouble et l’acte ?

Il n’y a rien d’écrit.

Les textes sacrés ne m’aident pas, je ne suis pas religieux.

 

Alors à quoi obéit-on ?

À sa conscience, dit-on.

Mais la mienne tremble parfois. Pas dans ses principes, ils sont bien là, mais dans leur application.

 

Ce que j’ai appris de mes parents me semblait droit. Mais ce que j’incarne devant mes enfants, c’est peut-être autre chose.

 

Est-ce encore moral, si je ne fais rien…mais que j’y pense tous les jours ?

 

Est-ce encore fidèle, si je dors dans le bon lit…mais mon âme s’absente ?

 

Est-ce encore loyal, si je reviens toujours…mais que je pars ailleurs dans ma tête ?

 

Où commence la faute ?

 

Je pourrais citer la jurisprudence. Les arrêts. Mais aucun ne couvre ce terrain. Ce terrain flou. Entre tout.

 

Ce n’est pas illégal.

Ce n’est même pas condamnable.

Mais ce n’est pas tout à fait juste.

 

Et moi, j’ai toujours voulu être un homme juste.

Je me suis toujours tenu droit. J’ai toujours suivi la Justice.

Mais je suis incapable de juger cette tempête en moi.

 

À quel moment commence la trahison ?

Quand elle est nommée ?

Quand elle est ressentie ?

Dans le corps ? Dans l’absence ?

Dans la marque restée ?

 

Parce que le manque de loi ne m’absout pas de mes mensonges à moi-même.

 

Et si la trahison c’était ça ?

Tout ce que je n’ai jamais voulu admettre jusqu’à maintenant ?
 


Wednesday 25th June 2025
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Dossier :Documents/Personnels/Notes/Anciennes_Structures/Fragments_non_classes/

Fichier :essai_ethique_25juin.txt

 

There are no texts for this.

No ordonnance. No edict.

No implied code of conduct, passed down in silence.

 

The Civil Code defines marriages, separations, parental responsibilities.

It draws the lines, marks them and protects them.

 

But the in-between? The looks and gestures? In the middle of disturbance and action?

There is nothing. Nothing written.

Scriptures don’t really help. I’m not religious.

 

So, what do we obey?

One’s conscience, it is said.

But mine sometimes trembles. Not in its principles, they are as they should be, but in its application.

 

What I learned from my parents seemed just to me. But what I pass on to my children might be different.

 

Is it still right, If I do nothing…but think about it every day?

 

Is it still faithful, if I sleep in the right bed…but my soul wanders?

 

Is it still loyal, if I always come back…but my mind is elsewhere?

 

Where does blame begin?

I could recite the jurisprudence. The laws. But none of them covers this subject.

This unclear concept. Shapeless.

 

It’s not illegal.

It’s not even punishable.

But it’s not quite right, is it?

Me, I have always wanted to be a just man.

I have always stood straight. I’ve lived by the Law. Always.

But I am incapable of judging this storm in me.

 

When does betrayal begin?

When it’s named?

When it’s felt?

In the body? In absence?

In the mark left behind?

Because the lack of law does not excuse the lies I live with.

 

And if this was betrayal?

Everything that I have not wanted to admit until now?

 


Vendredi 27 juin 2025 

 

 

 

Dossier :Documents/Recherche/Notes_techniques/Tableau-Corrections Excel/Annexes 

Fichier :_note_personelle_27juin.docx 

 

Je l’ai fait. J’ai rêvé de toi. 

 

Et tu sais quoi ? Je veux l’écrire. Je veux écrire ce rêve pour y revenir. Encore et encore. À chaque fois que je penserai à toi. 

 

Je veux te garder sur mon corps. Chaque goutte de sueur descendant lentement, causée par toi. 

 

Un petit risque troublant d’être découvert ? 

Peut-être. 

Une façon d’être avec toi plus longtemps ? 

Certainement. 

 

 

… 

 

 

 

Je me glisse en elle. Une entrée ? Non. Une fièvre. Une fusion. Une perte. Je m’abandonne à elle comme un cri retenu trop longtemps. 

 

Ses doigts cherchent les miens. Elle les prend dans sa bouche. Les apprivoise. Un à un. Le dernier, mon pouce, reste suspendu, entre ses lèvres. 

Ma main glisse. Lente. Sûre. Je la touche comme un secret à découvrir. Comme si sa peau avait été gravée pour mes paumes. 

 

Elle gémit. Se cambre. Revient. Se redonne à mes doigts. Encore. Et moi, je suis dur de son nom. Je bande de son souffle. J’ai mal d’elle. Et pourtant je veux plus. Je veux son absence à l’intérieur de moi aussi. 

 

Je la veux jusqu’à m’arracher de moi-même. 

 

Je la prends par derrière. Sauvage. Elle ploie. Elle cède. Elle m’offre tout. Je la serre à mon torse comme si l’écraser contre moi allait empêcher le monde de recommencer. 

 

Parce que là, si je la lâche, je me noie. Et là, ça me tente vraiment. 

 

Je veux la voir jouir. Je veux qu’elle dise mon nom sans le dire. Qu’elle me dévore dans un soupir de fin du monde. 

 

Je l’aime. Je la veux. Encore. Encore. Jusqu’à ce que nos corps se consument. Je ne sais pas…je ne suis pas…je ne sais pas où elle commence. 

 

Et puis. Plus rien. 

Réveil. 

Moi. Sexe dur. 

En sueur. En manque. 

Et toi. 

Evaporée. 

Dans le vide.
 

Friday 27th June 2025
Reversed version

 

 

Dossier :Documents/Recherche/Notes_techniques/Tableau-Corrections Excel/Annexes

Fichier :_note_personelle_27juin.docx

 

It happened. I dreamt of you.

And you know what? I want to write it down. I want to write it to come back to it. Again and again. Every time I think of you.

 

I want you to linger on my body.

I want every droplet of sweat, rolling down my body, caused by you.

 

Do I feel a troubling rush at being found out? 

Maybe.

Is it a way to stay with you a little longer?

Definitely.

 

 

 

 

 

 

 

I slip in her. An entrance? No, it’s a fire. A fusion. Of us. A loss. Of myself.

 

I throw myself in her like a scream I never let out.

Her fingers look for mine. She takes them in her mouth. One by one. She tames them. The last one, my thumb, stays a little bit longer, between her lips.

 

My hand runs down her body. Slowly. Determined. I touch her like I would discover a secret. As if her skin had been carved for my hands.

 

A sigh. Her body arches. She comes back. Giving herself again. Again.

And me, I’m just hard from her name. From her breath. I am slowly dying for her. But I want more. I want to feel her absence in me.

I want her until I am ripped from my own being.

 

I take her from being. Savagely. She bends. Abandon. She gives herself completely. I hold her tightly against my chest. So hard, as if the world would stop spinning. 

Because if I let her go, I will drown. And now, I am so tempted.

 

I want to watch her come. Hear her say my name. be devoured like a moan at the end of the world.

 

I love her. I want her. Again. Again.

Until our bodies are consumed to nothing. Swallowing each other. I don’t know…I am not…I don’t know where she begins.

 

And then. Nothing.

Wake up.

Me. hard.

Sweating. Needing.

You. Vanished. 

Emptiness.
 

Friday 27th June 2025

 

 

…the same dream…

 

Of all the years.

Of all the times.

Yes.

Encore et encore.

 

But is this what it will be? In this life?

The beautiful Remembering. The upended Dreaming. The painful Feeling.

But nothing more?

 

Will you just remember my skin and I will just remember your breath on it?

And nothing more?

 

Am I going to live the next fifty years knowing what you can do to me. How I can fuse into you and you into me.

But not really?

 

Is this the reality? In the minds or the bodies?

 

What if I want more. Not if. I want more.

I want life with you. I want your body. I want to hear your voice in the morning and your snoring at night.

I want to feel the heat of your body next to mine, making me too hot.

 

I want.

I want.

You.

 

But you are not giving yourself to me.

By design, fear or ignorance, I don’t know. It doesn’t change anything.

You.

I want.

 

Do I need to be theatrical and dramatic? Do I need to “come and get my man”?

But why?

 

You were there.

I felt you.

I knew you.

 

Nothing.

From you.

From me.

 

Is this what we want then?

Live in this blissful other world?

Fucking each other like animals? In the hidden world of shadows?

 

So perfect love and fusion are shameful?

Is that what this is telling us?

Telling me?

 

Answer me.
 


Vendredi 27 juin 2025
Version inversée

 

 

…le même rêve…

 

De tous les siècles.

De tous les temps.

Oui.

Encore et encore.

 

Mais est-ce que ça sera tout ? Dans cette vie ?

La belle Mémoire. Le Rêve bouleversant. La souffrance.

Et rien d’autre ?

 

Tu te souviendras de ma peau et moi de tes soupirs ?

Et rien d’autre ?

 

Vais-je vivre les prochaines cinquante années à savoir tout ce que tu peux me faire et comment on peut s’abandonner l’un dans l’autre ?

Mais pas vraiment ?

 

Est-ce la réalité ? De nos âmes et corps ?

Et si j’en veux plus. Pas si. Je veux. Plus.

 

Je veux ta vie. Je veux ton corps.

Je veux entendre ta voix le matin et tes ronflements la nuit. Je veux sentir la chaleur de ton corps près du mien. En être trop chaude.

 

Je veux. 

Je veux.

Toi.

 

Mais tu ne te donnes pas à moi. Par choix, peur ou inconscience. Je ne le sais pas. Ça n’y change rien.

 

Toi.

Je veux.

 

Ai-je besoin de faire le grand geste ? Ai-je besoin de venir chercher mon homme à moi ?

Mais pourquoi ?

 

Tu étais là.

Je t’ai senti.

Je t’ai reconnu.

 

Et rien.

De toi.

De moi.

 

Alors, c’est ça qu’on veut ?

Vivre dans cet autre univers d’extase ? Baiser comme des bêtes affamées ? Dans ce monde caché des ombres?

Alors, ce mélange d’amour parfait est inavouable ?

Est-ce que c’est ça que ça nous dit ?

Me dit ?

 

Réponds-moi.


Lundi 30 juin 2025

 

 

Dossier: Archives_Vocales/Réflexions/Extraits_non_envoyés

Fichier : tentative_audio/30juin.m4a

 

Bourdonnement de ventilateur à puissance maximale.

Soupir.

« Lundi 30 juin deux mille vingt-cinq. Midi trente-sept. »

Mouvement étouffé.

« Laura. C’est la première fois…que je dis ton nom tout haut. »

Murmure. « Laura »

« Je ne sais pas ce que je fais. Peut-être que je deviens fou ? Oui. Obsédé. Oui. Pas d’autre explication. »

« Ce matin. Ce matin…aucune patience pour rien. Tout n’énervait. Frustré. Merde !

J’me suis réveillé à bander comme un malade. Un putain d’obsédé ! et elle. Elle a mis sa main dessus. Même pas éveillée. »

Soupir.

« C’est pour moi ? murmuré dans mon oreille avec sa voix basse. La sexy.

Et moi. Et moi, con que je suis, j’ai sauté du lit ! J’ai dit que j’en avais trop à faire aujourd’hui.

J’me suis caché dans la douche. Comme un minable. Sérieux. Je ne sais pas si elle se doute de quelque chose. Si elle…Qu’est-ce que je vais faire ? Il n’y a… »

 

Des coups à la porte.

Bruits de panique.

Tapotement des clés sur le clavier.

Silence.

 

 

 

-       "Tu ne viens pas déjeuner avec nous aujourd’hui ?

-       Non. Non, j’ai des rapports à finir. J’suis à la bourre.

-       T’es sûr ? ok. Tu te rappelles. La délégation cet après-midi ?

-       La délégation ?

-       Oui, les Islandais. C’est ton tour.

-       Ah oui. Bine sûr. Alors faut vraiment que je finisse ça maintenant.

-       Ok. Ciao, ciao !"

 

Je ferme tous les fichiers ouverts sur mon écran. Merde. J’avais oublié.

Calendrier. Quatorze heures. Délégation parlementaire. Islande. Visite/Présentation.

 

Sortir maintenant ? Penser à autre chose ? Peut-être détruire tous les fichiers ? Non. Pas maintenant.

Il faut comprendre d’abord. Le pourquoi. Le comment. Mes conneries. Oui, c’est ça. Il faut continuer d’analyser ça. De toute façon, personne ne trouvera ces fichiers.

 

Ok. Ok. Sortir du bureau. Un peu.

Les autres sont déjà partis maintenant.

Un petit tour pour m’éclairer les pensées. Ensuite, je me prépare pour la visite. Putain de visite !

 

Je prends le chemin le plus long pour sortir. Je traverse les couloirs silencieusement feutrés et lourds d’or. Je monte et descends les labyrinthes d’escaliers. Des escaliers à la moquette si épaisse que si je trébuchais, ce serait comme de tomber sur un coussin géant moelleux. Pas d’accident du travail ici. Non.

 

Je sors enfin du bâtiment.

La rue est écrasée par la chaleur de midi. La poussière n’a même plus la force de se déplacer d’un coin à l’autre. Tout est au ralenti. Les voitures, les vélos, les piétons. Même les pigeons sont paresseux.

 

J’entends derrière moi le grattement d’un briquet. Une odeur de cigarette.

Je ne comprendrai jamais pourquoi il y a des gens qui fument encore.

Mais attend ! Cette odeur. Cette odeur ?

Les cigarettes de mon grand-père ? Dans son atelier ? Des Gauloises sans filtre ? L’été de mes dix ans !

 

Non. Non. Pourquoi je suis devenu aussi sensible aux parfums et odeurs d’un coup ?

Après c’est quoi ? Des madeleines chez ma mère ? 

Oh. Il faut que je l’appelle bientôt.

 

Ok. Ok. Un petit tour. Un café et je retourne travailler.

Laura.

Non, pas Laura maintenant. Il n’y a pas de Laura.

 

Non. Je ne vais pas traîner mes fantasmes jusqu’à Saint Germain pour un café.

 

Demain. Peut-être. On verra.
 


Monday 30th June 2025
Reversed version

 

 

Dossier: Archives_Vocales/Réflexions/Extraits_non_envoyés

Fichier : tentative_audio/30juin.m4a

 

Fan buzzing, on highest setting.

Sigh.

 

“Monday, 30th June 2025. 12:37 PM.”

 

Muffled movements.

 

“Laura. This is the first time…I’ve said your name out loud.”

 

Whisper. “Laura”.

 

“I don’t know what I’m doing. Maybe I’m going crazy. Obsessed. Yeah. No other explanation. 

 

This morning. This morning…no patience…for anything. Everything pissed me off. Shit! I woke up with a hard-on. Sick. Fucking sick! And her. She laid her hand on it. Hardly awake.”

 

Sigh.

 

“Is that for me? she whispered in my ear in that low voice of hers. The sexy one.

 

And me? What did I do? I jumped out of bed. Said I had too much to do today. I hid in the shower. Like a loser.

I don’t know if she suspects anything. If she… What am I going to do? There isn’t…”

 

Knocks on the door.

Frantic, panicky noises.

Keys clacking on the keyboard.

Silence.

 

 

 

“- Hey! Aren’t you coming with us for lunch today?

- No. no, reports to finish. I’m behind as it is.

- you sure? Alright. Don’t forget. The delegation. This afternoon.

- The delegation?

- Yeah. The Icelanders. It’s your turn.

- Right. Right. Sure. Well then, I really need to finish these reports now.

- Ok. Ciao.”

 

I close all the open tabs on my screen.

Shit. I forgot. 

Calendar. Two o’clock. Parliament delegation. Iceland. Visit/Presentation.

 

Go outside now? Think of something else?

Maybe erase all the files? No. not now.

I need to understand first. The why. The how. My idiocy.

Yes, that’s right. I need to analyse this.

Nobody ‘s going to find these files anyway.

 

Ok. Ok. Le’s get out of the office. For a bit.

The others should be gone by now.

Just a quick walk. To clear my mind. Then I’ll get ready for the meeting. Fucking meeting!

 

I take the long way out.

I cross the corridors, felted in silence and heavy with gold.

I go up and down the labyrinth of stairs. These stairs have such thick carpets that if I tripped, it would be like landing on a giant, fluffy cushion.

No work accident here. Not ever.

 

I finally exit the building.

The street is crushed by the midday sun. the dust doesn’t even have the strength to move from one corner to the next. Everything is in slow motion. The cars, bikes, walkers. Even the pigeons are lazy.

 

Behind me, I hear the scraping of a lighter. A smell of cigarette. I will never understand why people still smoke in this day and age.

 

But wait! That smell. That smell?

 

My grandfather’s cigarettes? In his workshop? Non-filter Gauloises? The summer I turned ten !

 

No. No. Why am I so sensitive to scents and perfumes lately? 

And then, what’s next? Madeleines at my Mum’s?

Oh. I need to call her soon.

 

Ok. Ok. Just a quick walk. One coffee and back to work.

Laura.

No, not Laura now. There is no Laura.

 

No. I am not going to drag my fantasies to Saint Germain for a coffee.

 

Tomorrow. Maybe. We’ll see.